12.11.08 - RWANDA/GACACA - DE DOUZE ANS DE DETENTION A LA PRISON A PERPETUITE

Kigali, 12 novembre 2008 (FH) - Laurent Magambo, accusé de crimes de génocide et crimes contre l'humanité, a été reconnu coupable de viol au terme d'un procès en révision et condamné dimanche à la prison à vie par un tribunal gacaca de Kigali.

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En appel, il s'était vu infliger 12 ans de détention pour d'autres crimes que le viol.

Le procès en révision s'est déroulé devant la juridiction gacaca de Kicukiro, en déplacement à Nyakabanda, lieu des faits visés.

«La juridiction le considère comme un tueur de renom et un auteur de viols et le condamne à la prison à vie et à la dégradation civique », a indiqué le président de la juridiction, Alphonse Rugiramimaro.

« Heureusement que c'est une juridiction d'un autre secteur qui a conduit la révision. Ici, les juges sont enclins au parti pris ou à la corruption. Raison pour laquelle le cas de viol n'avait même pas été révélé dans les précédents jugements», a confié à l'agence Hirondelle un autre juge qui a préféré garder l'anonymat.

Selon tous les témoignages, l'accusé a participé à l'établissement de listes de personnes à tuer, était chargé de l'organisation des barrages routiers et des rondes de jour et de nuit. « Il surveillait de près mon mari. La veille du jour où ils sont venus le chercher pour le tuer, il a passé la nuit à frapper à notre porte et nous n'avons pas ouvert », a témoigné une femme, imputant à Magambo, la mort de son époux, Charles Ntukanyagwe.

Les débats concernant les allégations de viol se sont déroulés à huis-clos conformément à la loi.

Lors de la séance publique, un témoin à décharge Simon Burahiye, 59 ans, a été mis en détention préventive pour avoir présenté « des indices de complicité dans l'assassinat du voisin Charles Ntukanyagwe à Kabusunzu», et « fait preuve de négationnisme » apprend on de source officielle.

Interrogé par le Président sur la nature des gens qui étaient pourchassés et tués pendant le génocide, le témoin a répondu : « Je ne connais pas ces gens dont vous parlez ».Le jury, étonné, a mis fin à son témoignage. Auparavant à propos de la mort de Ntukanyagwe, Burahiye avait admis être sorti de sa maison, vers 7h du matin après avoir entendu un coup de feu. « C'est alors que j'ai vu que des Interahamwe qui poussaient Ntukanyagwe devant eux...mais Magambo n'était pas avec eux », a-t-il déclaré

Selon d'autres témoignages dont celui de la femme de feu Ntukanyagwe, "Burahiye faisait toujours le guet devant la maison de la victime à des fins néfastes », a relevé Alphonse Rugiramumaro, président de la juridiction gacaca de Kicukiro en déplacement à Nyakabanda.

SRE/ER/PB/GF

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