Justice transitionnelle : le sur-mesure défendu par l'ICTJ

« Les mosaïques de la justice », un titre quasi poétique pour une somme bienvenue sur la justice transitionnelle par l’institution de référence dans ce domaine, l’ « International Center for Transitional Justice » (ICTJ), une ONG américaine. Ce livre de plus de 400 pages téléchargeable gratuitement est sous-titré « Comment le contexte transforme la justice transitionnelle dans des sociétés fracturées ».

Justice transitionnelle : le sur-mesure défendu par l'ICTJ©
ICTJ
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L’idée de l’ouvrage dirigé par Roger Duthie et Paul Seils, respectivement directeur des recherches et vice-président de l’ICTJ est de montrer comment la justice transitionnelle doit savoir s’adapter aux contextes locaux. «  Nous disons souvent », écrivent les auteurs, « que la justice transitionnelle est un art et non une science. Et dans cet art il faut comprendre le contexte, y compris l’opposition à la justice, pondérer la recherche de la dignité et la règle de la loi avec les menaces de ceux qui n’en veulent pas ».

L’ICTJ est une institution qui défend la justice transitionnelle avec passion et conviction mais avec ses 15 ans d’expérience dans de nombreux pays, elle en mesure aussi les limites et les obstacles. Dans cet ouvrage, les auteurs refusent une vision uniforme des processus de réconciliation et de justice transitionnelle. « Au fil des années », précisent les auteurs, « le champ de la justice transitionnelle est apparu comme offrant des réponses toutes faites dans des contextes très différents apportant une « boite à outils » universelle comme des remèdes à appliquer chaque fois que des violations massives des droits de l’homme se sont produites ». Et de citer, la Syrie actuelle où une transition politique parait si lointaine, le Mexique, un « cas complexe qui ne rentre pas dans les cadres d’une transition mais où la violence y compris les cas de crimes contre l’humanité est vue à travers un réseau d’organisations criminelles plus qu’à travers un conflit armé ». L’ICTJ parle aussi du «  Soudan du Sud et de la République Centrafricaine où des millions de personnes sont déplacées et où des institutions faibles, la pauvreté et une violence pérenne créent une fragilité extrême ».

On l’aura compris que face à cette mosaïque, l’ICTJ prône des «  approches sur-mesure sur la base de principes et non de grilles appliquées sans réfléchir 

.Un chapitre de l’ouvrage se penche ainsi sur les approches locales de la justice transitionnelle montrant à la fois les avantages et les limites de ces processus.

En d’autres termes, la justice transitionnelle n’est pas un passe-partout ni une solution holistique et absolue comme ses croisés les plus zélés ont pu le penser.