L'ONU dénonce une politique de répression et de peur au Venezuela

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Les violations massives des droits de l'homme commises contre les manifestants au Venezuela démontrent "l'existence d'une volonté politique de réprimer des voix critiques et d'instiller la peur parmi la population", a affirmé mercredi l'ONU.

Dans un rapport, le Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme souligne que "le recours généralisé et systématique à une force excessive pendant les manifestations, et la détention arbitraire de manifestants et d'opposants politiques présumés, indiquent qu'il ne s'agit pas d'actes isolés et illégaux de la part de quelques officiers".

Il s'agit, selon le rapport, "d'une volonté politique de réprimer des voix critiques et d'instiller la peur parmi la population, afin de mettre un terme aux protestations".

Le Haut-Commissaire, Zeid Ra'ad Al Hussein, a averti que la crise économique et sociale persistante et les tensions politiques croissantes risquent d'aggraver la situation du Venezuela.

Ce pays producteur de pétrole, en proie à une grave crise économique marquée par des pénuries de produits de première nécessité, est le théâtre de manifestations depuis avril contre le président Nicolas Maduro qui ont fait près de 130 morts.

Le rapport publié mercredi accuse les forces de sécurité et les milices progouvernementales d'être responsables de la mort d'au moins 73 manifestants antigouvernementaux.

Il souligne cependant que les auteurs des autres décès n'ont pas encore été identifiés.

- Décharges électriques, asphyxie -

M. Zeid a relevé par ailleurs que le rapport fait état "de traitements dégradants assimilables dans certains cas à de la torture".

Le document dénonce le recours aux "décharges électriques, à des pratiques de suspension par les poignets pendant de longues périodes, à l'asphyxie par le gaz, et à des menaces de mort, voire des menaces de violence sexuelle".

Les autorités vénézuéliennes ayant refusé l'accès au pays aux enquêteurs de l'ONU, M. Zeid avait chargé une équipe de spécialistes des droits de l'homme d'interviewer à distance, entre le 6 juin et le 31 juillet, quelque 135 victimes et leurs familles, ainsi que des témoins, des journalistes, des avocats, des médecins, et des membres du Bureau de la procureure générale.

"Le droit de rassemblement pacifique a été systématiquement violé, et un grand nombre de manifestants et de personnes identifiées comme des opposants politiques ont été détenus", a affirmé M. Zeid.

D'après les estimations d'une ONG locale, plus de 5.000 personnes ont été détenues depuis le 1er avril, et plus de 1.000 étaient encore détenues au 31 juillet, selon le rapport.

Le Haut Commissaire a également dénoncé les attaques menées par les forces de sécurité contre les journalistes et les travailleurs des médias afin de les empêcher de couvrir les manifestations. "Des manifestants et des journalistes ont été qualifiés d'ennemis ou de terroristes par les autorités, des mots qui n'ont rien fait pour atténuer le climat de violence et de polarisation, voire qui y ont contribué", a-t-il affirmé.

Tout en reconnaissant que le nombre de manifestations, d'arrestations et de décès a diminué depuis le 1er août, M. Zeid s'est dit préoccupé par les récentes mesures prises par les autorités pour criminaliser les leaders de l'opposition politique.

La toute-puissante Assemblée constituante vénézuélienne a ainsi décidé mardi de faire traduire en justice pour "trahison" les opposants qui ont, selon elle, encouragé les sanctions financières des Etats-Unis contre le pays.

Le Haut Commissaire a également critiqué la nouvelle "Commission de vérité, de justice et de paix" établie récemment par l'Assemblée constituante.

"La Commission (...) ne remplit pas les critères fondamentaux de transparence et d'impartialité, indispensables pour mener des enquêtes indépendantes et non motivées par des considérations politiques sur les violations des droits de l'homme et les abus", a-t-il commenté.

En conclusion, le rapport invite le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à "envisager de prendre des mesures afin d'empêcher que la situation des droits de l'homme au Venezuela, qui siège actuellement au Conseil, ne se détériore encore plus".