Le procès contre Lundin révèle la brutalité de la guerre, mais aussi la fragilité des mécanismes de justice lorsqu’ils s’appuient sur le militantisme. Le rôle d’Egbert Wesselink, conseiller principal de l’ONG Pax, est emblématique de ce dilemme – entre la nécessité de documenter les abus pour les ONGs, et le risque de voir utilisé leur travail comme preuve dans des procès à gros enjeux.

Egbert Wesselink est souvent considéré comme étant à l'origine du procès Lundin en Suède. Il a révélé, dans le rapport de l'Ong néerlandaise Pax, les liens de la société suédoise Lundin Oil (et 2 autres compagnies pétrolières) avec les crimes de guerre perpétrés au Soudan dans les années 1990-2000.
Egbert Wesselink, militant pacifiste néerlandais et conseiller politique principal de l’ONG Pax, dont le rapport Unpaid Debt est au coeur du procès Lundin en cours. Photo : © Martin Schibbye
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Le procès pour crimes de guerre qui se tient à Stockholm contre les dirigeants suédois de la compagnie pétrolière Lundin opérant au Soudan - le procès le plus long et le plus complexe de l’histoire du pays – a donné lieu à des témoignages saisissants.

Mais peu de témoins ont joué un rôle aussi central et aussi contesté qu’Egbert Wesselink. Militant pacifiste néerlandais et conseiller politique principal de longue date auprès de l’organisation non gouvernementale néerlandaise Pax, Wesselink est connu pour avoir été la force motrice d’un rapport de 2010 intitulé Unpaid Debt (dette impayée), selon lequel des dizaines de milliers de civils ont été tués ou déplacés du fait de la prospection pétrolière au Soudan. Un rapport qui, selon les procureurs, a posé les fondations du procès en cours.

Autant dire que le jour où Wesselink est venu témoigner, la salle d’audience était pleine à craquer. Militants des droits humains, journalistes, chercheurs et diplomates étaient venus voir l’homme décrit par la défense comme l’« architecte » de l’affaire. Pour beaucoup, il s’agissait d’un moment de solidarité. Pour d’autres, c’était l’occasion de remettre en cause la crédibilité d’une enquête réalisée par la société civile, et désormais transformée en preuve légale.

« L’ignorance réelle et le mépris délibéré » de Lundin

La première compagnie pétrolière que Wesselink a tenté d’influencer a été Shell, et il décrit « un dialogue intense mais structuré » avec ses dirigeants. Lorsque Shell s’est impliquée au Soudan, le cas de ce pays s’est retrouvé sur son bureau. « Cela a conduit Shell à retirer ses activités commerciales du Soudan », déclare Wesselink, qui explique comment il a approché l’entreprise par le biais de conférences publiques et de réunions à huis clos pour l’informer des risques liés au fait de travailler au Soudan.

Selon lui, toute personne travaillant au Soudan est confrontée à une série de dilemmes. La plupart des dirigeants d’entreprise qu’il a rencontrés ont reconnu l’existence de « zones grises et de défis ». « Mais la représentante de la RSE [responsabilité sociale des entreprises] de Lundin, Christine Batruch, s’est distinguée. Elle ne voyait aucun problème et s’intéressait très peu à la situation des droits humains », explique Wesselink, qui estime qu’elle a été influencée par la propagande du gouvernement soudanais.

Selon lui, la preuve en est qu’elle a « ignoré les rapports sur les déplacements forcés et les abus ». « Lorsque j’ai soulevé des questions que je considérais comme étant de notoriété publique, cela a suscité une ambiance bizarre et inconfortable », dit-il, ajoutant que Batruch combinait « à la fois une véritable ignorance et un mépris délibéré ».

Wesselink affirme n’avoir jamais eu l’impression que Lundin était intéressée par la mise en œuvre des compensations faisant partie d’un accord de paix négocié en 2003.  « Les compagnies n’ont jamais montré d’intérêt à ce que le pétrole fasse partie du succès de l’accord de paix », dit-il, expliquant que la Coalition européenne sur le pétrole au Soudan (European Coalition on Oil in Sudan - Ecos) et lui-même ont été chargés de convaincre les compagnies pétrolières qu’elles avaient la responsabilité d’indemniser les personnes affectées.

Le rapport qui a déclenché le procès

Wesselink se souvient que John Luk Jok, le ministre soudanais de la Culture de l’époque, avait déclaré que « les compagnies ne sont pas au-dessus de la loi, elles peuvent être poursuivies en justice ». « C’est devenu le point de départ d’Unpaid Debt », explique-t-il, précisant qu’il ne s’agissait plus seulement d’une question de « bonne conduite », mais aussi de pousser les compagnies pétrolières à payer leurs dettes.

L’ONG Pax a ensuite commencé à évaluer les dommages économiques causés au fil des ans et à faire pression sur les compagnies pour qu’elles compensent ces pertes. Mais Wesselink explique qu’il était tout simplement impossible d’aller quelque part et de « commencer à poser des questions sur le pétrole », car c’était un sujet politiquement sensible. Son rôle a consisté à rechercher le soutien des chefs locaux pour ce travail. « des chercheurs et des universitaires se sont ensuite rendus dans les villages, avec l’aide des chefs, et ont demandé ce qui s’était passé pendant les “guerres du pétrole”, quels étaient les dommages, et pourquoi et ce que les villageois savaient de ce qu’ils avaient vu et vécu », explique-t-il.

Les trois questions principales étaient les suivantes : « Quand le village a-t-il été attaqué ? », « Par qui ? » et « Quels ont été les dommages ? », ainsi qu’une question complémentaire leur demandant comment ils savaient que ce qu’ils racontaient s’était réellement produit. « Dans le sud du Soudan, les chefs sont comme des archives humaines sur deux jambes. Ils ont gardé la connaissance des événements locaux et leurs récits sont très fiables ; ils ont une excellente mémoire », note Wesselink, ajoutant qu’au cours de ce travail, il était essentiel de « gérer les attentes », ce qui explique pourquoi ils ont insisté à plusieurs reprises sur le fait qu’il n’existait aucun mécanisme de distribution des indemnisations.

« Le résultat a été de longues listes : les noms des villages, les noms des morts, les dates des attaques, les auteurs des attaques, les vaches mortes, le bétail volé, et les autres animaux tués, mais malheureusement, rien de tout cela n’a été utilisé dans le rapport. Ce n’était pas nécessaire. »

Publié par Ecos, le rapport de Wesselink, Unpaid Dept, affirme que 12.000 personnes ont été tuées et 160.000 déplacées dans la région entre 1997 et 2003. Le document accuse trois entreprises - Lundin (Suède), Petronas (Malaisie) et OMV (Autriche) - d’avoir contribué à des violations systématiques des droits humains, en opérant en partenariat avec le gouvernement soudanais.

Selon Wesselink, l’objectif était d’influencer la politique de l’Union européenne et de promouvoir un rôle plus éthique pour les entreprises européennes dans les zones de conflit du Soudan. Unpaid Debt a été envoyé pour la première fois à Lundin en 2008, ce qui a suscité une réponse virulente des avocats de la société, qui ont accusé les auteurs de diffamation et les ont menacés d’une action en justice. Selon Wesselink, cette réaction n’a fait que renforcer la rigueur du rapport. « Nous avons dû faire appel à un avocat et un expert juridique britannique a examiné le rapport ligne par ligne. Je crois que c’est grâce à ce processus que nous sommes tous ici aujourd’hui. »

Une fois publié, le rapport a été remis à la police suédoise et pourrait être décrit comme un Big Bang dans l’affaire Lundin.

Entre travail d’enquête et procédure pénale

Dès le début, le témoignage de Wesselink dans la salle d’audience a mis en évidence les tensions entre d’une part, la défense des droits humains et de l’autre, les poursuites pénales. Les ONG, a-t-il expliqué, comblent souvent les lacunes lorsque les enquêteurs internationaux ne sont pas en mesure d’opérer dans les zones de guerre. Après l’éclatement de la guerre civile au Soudan du Sud en 2013, il était devenu pratiquement impossible pour la police suédoise de mener des enquêtes sur le terrain. Wesselink et ses collègues ont donc pris l’initiative de trouver eux-mêmes des témoins.

Il a relaté qu’il avait engagé un journaliste sud-soudanais, Moses, pour identifier des personnes ayant vécu ou été témoins de crimes. Moses a dressé une liste de 54 témoins potentiels dans des camps de réfugiés au Kenya, en Ouganda et en Éthiopie. Cependant, une seule de ces personnes a finalement été utilisée par l’accusation.

Wesselink explique qu’avant l’audience en cours, il avait déjà été interrogé deux fois par la police suédoise et s’était rendu en Suède pour deux réunions supplémentaires avec les procureurs. Entre-temps, il y avait eu « quelques échanges de courriels ». Il décrit également comment le déclenchement de la guerre à Juba en décembre 2013 - lorsque la nation nouvellement formée du Soudan du Sud a été plongée dans une guerre civile qui a duré jusqu’en 2018 - a empêché la police suédoise d’enquêter sur les crimes sur le terrain.

Cela l’a amené à réfléchir aux possibilités pour les membres de la communauté Nuer de témoigner, d’autant plus qu’ils avaient été particulièrement ciblés pendant la guerre. « Nous avons rencontré la police au début de l’année 2014, mais ils étaient fermés comme des huîtres – ils ne disaient rien. On a quand même supposé qu’ils avaient besoin de témoins, des témoins auxquels ils n’auraient plus accès désormais. On a donc demandé si on pouvait les aider. On ne nous a pas dit oui, mais on ne nous a pas non plus dit non. »

Wesselink ajoute qu’ils ont reçu des conseils similaires de la part des procureurs, qui leur ont dit « vous êtes libres de partager avec le parquet toute information susceptible d’aider l’enquête ». Le temps a passé et ils ont demandé à rencontrer le procureur Magnus Elving, ce qui n’a jamais eu lieu. « On a donc demandé : si nous trouvons des personnes qui pourraient être utiles en tant que témoins, que devons-nous faire ? »

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La réponse qu’ils ont reçue a été qu’« ils ne devaient pas être interrogés par quelqu’un d’autre que la police, et qu’ils ne devaient pas non plus être conseillés ou guidés de quelque manière que ce soit ». Wesselink déclare qu’il pensait que les procureurs avaient quand même besoin de témoins ayant vécu des crimes de guerre et disposés à en parler.

Cette distinction s’est avérée cruciale lors du contre-interrogatoire, au cours duquel la défense a cherché à présenter ses efforts comme manquant de rigueur et d’objectivité. Un échange particulièrement vif a porté sur une photographie publiée dans son rapport Unpaid Debt qui pourrait avoir été attribuée au mauvais village. « S’ils ont trouvé un pépin, félicitations », a lancé Wesselink.

Le procès du militantisme et du plaidoyer

Lors du contre-interrogatoire, la défense a cherché à remettre en cause l’impartialité de Wesselink, en soulignant ses déclarations et affiliations passées.

Interrogé sur sa neutralité, Wesselink a défendu le rôle des organisations de paix dans les zones de conflit : « Non, et c’est une question étrange à poser à une organisation de paix : si vous êtes pour la paix dans un conflit, vous devez choisir un camp. Mais oui, c’est extrêmement difficile ; on ne peut jamais rester totalement neutre, car chaque action sera perçue par l’une ou l’autre des parties comme étant pour ou contre elles. Il s’agit donc d’un exercice d’équilibre délicat, sur le fil, mais nous sommes des professionnels. »

Wesselink a reconnu les difficultés inhérentes au travail sur les conflits : « Lorsque vous êtes actif dans un conflit, même si l’information est neutre, elle sera utilisée par les parties, et c’est inévitable. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas dire la vérité. »

Alors que la défense tentait de mettre en doute l’impartialité de Wesselink, Per E. Samuelsson, l’avocat de l’accusé Alexandre Schneiter, l’ancien PDG de Lundin Oil, a demandé si Wesselink était actionnaire d’Orron Energy et, si oui, s’il n’était pas étrange d’acheter des actions d’une société qu’il avait dénoncée à la police.

- « Oui, j’ai acheté cinq actions de Lundin Energy en 2010, dans le but de contacter les dirigeants et les actionnaires de l’entreprise pour les exhorter à respecter le droit international et les directives éthiques existantes. C’est une méthode légitime et couramment utilisée », a expliqué Wesselink.

- Mais est-il vrai que vous avez demandé à l’entreprise de payer cinq millions de dollars de dommages et intérêts lors d’une assemblée générale ?

- J’ai proposé que l’entreprise évalue son impact sur les droits humains et, conformément aux normes internationales, contribue à remédier aux effets négatifs qu’elle a causés.

- À combien s’élevait ce montant ?

- Je ne m’en souviens pas, mais je suis sûr que c’est dans les documents. »

Me Samuelsson lit ensuite un extrait de la proposition écrite, qui stipule que cinq millions de dollars devraient être mis de côté, et a demandé si Wesselink avait également exigé la démission de la direction de l’entreprise. « Oui, absolument. Je ne pense pas qu’il soit dans l’intérêt de l’entreprise d’être dirigée par des personnes soupçonnées de crimes de guerre », lui répond Wesselink, ajoutant que lors d’une autre assemblée des actionnaires, il avait également critiqué les avocats de Lundin, affirmant qu’ils avaient exercé une influence négative sur l’entreprise.

Il en veut pour preuve le rôle qu’ils ont joué pour « retarder le cours de la justice » et pour refuser aux victimes et aux personnes concernées la possibilité de présenter leur dossier, ce qui, selon lui, va à l’encontre des principes des droits humains que la compagnie pétrolière suédoise s’est engagée à respecter. « C’est pourquoi j’ai demandé à la compagnie de corriger cette stratégie légale agressive, ce dont elle n’a pas tenu compte », conclut Wesselink.

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Un rapport d’ONG peut-il devenir une preuve ?

L’échange au tribunal a mis en lumière un problème plus profond : que se passe-t-il lorsque les outils du militantisme entrent dans la chaîne de la preuve d’un procès pénal ? Un rapport conçu pour faire pression sur les entreprises et mobiliser l’opinion publique peut-il également répondre aux normes de la preuve légale ?

Wesselink n’a pas donné de réponses simples, mais il a indiqué les sources du rapport, notamment des images satellite, des interviews, des documents des Nations unies et des recherches menées par des universitaires respectés. « Je n’ai jamais mis les pieds dans le bloc 5A avant 2004 », dit-il. « Mais j’ai lu, j’ai écouté et j’ai fait confiance à ceux qui l’avaient fait. »

Me Samuelsson change ensuite de tactique et demande à Wesselink comment il pouvait décrire Batruch comme une propagandiste du régime, alors que lui-même, sans être jamais allé au Soudan, pouvait affirmer qu’elle avait tout faux. « Faut-il avoir été à un endroit pour en être convaincu ? », lui répond Wesselink. « Je ne suis jamais allé en Ukraine, mais je suis convaincu qu’une guerre terrible s’y déroule. »

Il a affirmé que Batruch n’avait pas tenu compte de faits bien établis par les rapporteurs de l’Onu et que ses évitements lorsqu’elle était interrogée sur des questions spécifiques montraient clairement qu’elle n’était pas intéressée par la vérité.

- « Mais là vous êtes en train d’expliquer pourquoi vous pensez qu’elle avait tort. Pourquoi aviez-vous raison ?

- J’ai lu et écouté des personnes qui étaient sur le terrain, qui étaient bien informées. Alors oui, ses informations étaient partiales. C’est pourquoi j’ai proposé à l’entreprise d’échanger avec d’autres groupes.

- Permettez-moi de vous poser une dernière question : comment saviez-vous, à la fin de l’année 2000, sans avoir été sur place, que ce que vous présentiez était un fait largement accepté ?

- Comme je l’ai dit, parce que j’avais lu les rapports, les études, les déclarations et les avis d’experts disponibles et que je n’avais aucune raison de douter de leur travail. »

Me Samuelsson demande à Wesselink pourquoi il avait qualifié la « construction de la route » de catastrophe. Wesselink répond que la route faisait partie d’une stratégie militaire et que des villages et du bétail avaient été déplacés pendant sa construction.

- « Lundin n’avait pas d’activités à l’époque, mais ils avaient chargé des sous-traitants de construire la route et avaient payé pour cela, de sorte que la société n’avait pas son propre personnel sur le terrain qui aurait pu être témoin de ce qui se passait. Mais tous ceux qui étaient sur place décrivent la même chose : des couloirs sécurisés étaient en train d’être créés le long de chaque kilomètre de la route, avec des avant-postes militaires tous les cinq kilomètres.

- Mais comment le savez-vous ?

- Cette situation est décrite par des personnes dont je considère les récits crédibles, notamment trois rapporteurs successifs des Nations unies et un rapport du gouvernement canadien, et cela correspond au schéma. La même chose s’est produite dans les blocs situés au nord de celui de Lundin, il était prévisible que cela se produise dans le bloc 5A. »

Enquêteur, militant et témoin

Wesselink évoque également les attentes culturelles des Nuer en matière de justice. « Pour eux, la justice est synonyme de réconciliation et de reconnaissance. On ne peut pas séparer la responsabilité pénale de l’indemnisation. C’est pourquoi cette affaire est importante. »

Il note que les groupes de la société civile du Soudan du Sud, tels que Leech Victim Voices, continuent à demander des réparations. « Ce procès n’est pas une question de vengeance », dit-il. « Il s’agit de reconnaissance et du droit à la vérité. »

À bien des égards, Wesselink symbolise un type d’acteur répandu dans le domaine de la justice internationale : à la fois enquêteur, militant et témoin. Son travail incarne à la fois le potentiel et les pièges de la redevabilité prônée par les ONG. Des procureurs s’appuient sur ses constatations. des avocats de la défense s’interrogent sur sa neutralité. Et le tribunal doit maintenant décider comment interpréter un rapport qui n’a jamais été censé être judiciaire, mais qui a été à l’origine de ce procès historique et pourrait encore en déterminer l’issue.

Après le témoignage de Wesselink, le tribunal continuera à entendre d’autres témoins pendant le reste de l’année 2025 et jusqu’en 2026. Après l’été, la défense appellera ses témoins. La nouvelle date prévue pour la fin du plus long procès de Suède est désormais fixée à mai 2026.

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