Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme s'est dit "consterné" jeudi par la promulgation la veille par la présidente péruvienne d'une loi d'amnistie qui blanchit des militaires et miliciens ayant participé au conflit avec la guérilla maoïste qui a ensanglanté le Pérou entre 1980 et 2000.
"Je suis consterné par la promulgation de cette loi d'amnistie. C'est un affront aux milliers de victimes qui méritent la vérité, la justice, des réparations et des garanties que cela ne se reproduira pas, et non l'impunité", a déclaré Volker Türk, cité dans un communiqué.
"Ce recul dans la quête de justice et de réconciliation au Pérou doit être immédiatement annulé", a exigé M. Türk.
La présidente péruvienne Dina Boluarte estime de son côté que par "la promulgation de cette loi d'amnistie, le gouvernement rend hommage aux militaires et aux groupes d'autodéfense qui ont participé à la lutte contre le terrorisme et à la défense de la démocratie".
Le conflit entre l'État et les guérillas maoïstes du Sentier lumineux et du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru a fait environ 70.000 morts, selon les chiffres officiels.
"Le droit international, que le Pérou doit respecter, interdit clairement les amnisties et les délais de prescription pour les violations graves des droits humains et les violations graves du droit international humanitaire", a insisté M. Türk.
La loi pourrait s'appliquer à 156 affaires avec jugement définitif et à plus de 600 procédures judiciaires en cours pour des crimes commis durant ces années, selon les experts mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, mais ne s'exprimant pas au nom de l'organisation.
En août 2024, le Pérou s'est doté d'une loi déclarant prescrits les crimes contre l'humanité commis avant 2002 dans le cadre de la lutte contre les guérillas.
Cette initiative est qualifiée par les défenseurs des droits humains de "loi d'impunité".
La Commission de la vérité et de la réconciliation a recensé au Pérou plus de 4.000 fosses clandestines résultant des violences commises entre 1980 et 2000.