Le président du Kosovo Hashim Thaci a accusé lundi la communauté internationale de n'avoir pas tenu ses promesses en contrepartie de l'approbation par Pristina de l'établissement du tribunal spécial pour les crimes de guerres imputés à la guerilla indépendantiste.
"Le Kosovo a tenu parole. La communauté internationale non", a déclaré M. Thaci lors d'une réunion avec la société civile.
Le tribunal spécial a été établi pour juger les crimes de guerre commis par les membres de l'Armée de libération du Kosovo (UCK) qui ont combattu les forces de l'homme fort de Serbie Slobodan Milosevic au cours de la guerre de 1998-1999.
Le parlement du Kosovo avait approuvé en 2015 la création de ce tribunal. D'anciens dirigeants de l'UCK, dont M. Thaci, pourraient être inculpés par ce tribunal installé à La Haye.
M. Thaci a souligné qu'en échange de l'adoption d'une loi spéciale pour l'établissement de ce tribunal, le Kosovo s'était vu promettre une procédure d'adhésion rapide au Conseil de l'Europe et à l'UNESCO, l'exonération de visas pour les voyages dans l'Union européenne et la possibilité de créer sa propre armée.
"La communauté internationale n'a tenu aucune de ces promesses. Au contraire, la marche du Kosovo (vers l'intégration) euro-atlantique a été rendue plus difficile", a ajouté M. Thaci.
Le tribunal a été établi sous la pression internationale à la suite d'un rapport d'enquête du Conseil de l'Europe selon lequel un réseau criminel dirigé par Hashim Thaci a organisé l'enlèvement et la disparition d'environ 500 civils, en majorité serbes, après le retrait des forces de Milosevic du Kosovo en 1999.
M. Thaci, qui dirigeait l'aile politique de l'UCK pendant la guerre, a rejeté ce rapport, estimant que ses motivations étaient politiques.
Tout en faisant partie du système judiciaire du Kosovo, le tribunal est formé de juges internationaux, et financé principalement par l'UE. Il devrait prononcer ses premières inculpations d'ici la fin de l'année.