Dénommée "TAP" pour protéger son anonymat, le neuvième témoin de l'accusation, une femme tutsie, a accusé l'ancien responsable local de l'avoir personnellement violée.
"Il a introduit son sexe dans mon vagin et m'a violée", a rapporté Mme TAP, en sanglotant. Le témoin a allégué qu'avant le viol proprement dit, l'accusé avait introduit une matraque dans son sexe. Ladite matraque mesurait 40 cm, a-t-elle indiqué.
"J'en suis arrivée à souhaiter mourir ", a déclaré le témoin, dont les propos en kinyarwanda étaient traduits à la chambre par un interprète.
Mme TAP a affirmé que ce viol a eu lieu au domicile D'un subordonné de l'accusé, le conseiller du secteur Nyarubuye, Isaïe Karamage. Le témoin n'a pas précisé la date de l'incident. "Depuis lors, J'en souffre beaucoup. J'en garde de douloureuses séquelles" a poursuivi Mme TAP, soulignant que son cycle a été perturbé depuis.
Mme TAP a ajouté que quelques heures plus tôt, elle avait également été violée par trois autres hommes. l'un D'entre eux lui avait enfoncé un morceau D'arbre dans le sexe, a-t-elle allégué.
l'avocat principal de Sylvestre Gacumbitsi, le Camerounais Me Kouengoua, a immédiatement indiqué que ces allégations de viol n'avaient pas été préalablement communiquées à l'accusé et à sa défense et a plaidé qu'elles soient expurgées du procès verbal.
La représentante du procureur, Andra Mobberly , a répliqué que la défense avait été informée de ces éléments la veille.
Après délibération, la chambre a décidé "D'entendre la déposition intégrale du témoin quitte à voir ultérieurement s'il y a lieu de recevoir ou pas ces nouvelles allégations".
l'audience du mercredi a été ponctuée de plusieurs brèves interruptions, mme TAP sollicitant des pauses pour se remettre du choc résultant, selon elle, du souvenir des exactions subies pendant le génocide.
Mme TAP poursuivra sa déposition jeudi . Le procès se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sénégalaise Andrésia Vaz et comprenant, en outre, les juges fidjien Jai Ram Reddy et russe Serguei Aleckseievich Egorov.
Pour la deuxième journée consécutive, le juge Reddy n'a pas siégé pour des raisons de santé.
ER/AT/GF/FH (GA'0806A)