Cambodge: un tribunal soutenu par l'ONU abandonne ses poursuites contre un ancien dirigeant khmer rouge

Le tribunal cambodgien soutenu par les Nations unies a décidé vendredi de mettre fin aux poursuites contre Meas Muth, un ancien commandant khmer rouge, accusé d'avoir participé au génocide commis dans le pays il y a plus de quarante ans, selon un communiqué.

Le régime communiste, dirigé par le "Frère numéro 1" Pol Pot, au pouvoir de 1975 à 1979, a fait deux millions de morts parmi les Cambodgiens, dans des camps de travail et des exécutions de masse, sans oublier la famine.

L'ancien commandant de la marine Meas Muth a été inculpé en 2015 de génocide à l'encontre de la minorité vietnamienne du Cambodge pendant le règne des Khmers rouges. Il a également été inculpé de torture, d'homicide avec préméditation et de crimes contre l'humanité.

Mais, en raison de désaccords entre les juges cambodgiens et internationaux, il n'a jamais été cité à comparaître devant le tribunal.

Le tribunal a annoncé vendredi qu'il mettait fin aux poursuites engagées contre Meas Muth "en l'absence d'un acte d'accusation définitif et exécutoire".

Les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC), nom officiel du tribunal, ont été mises en place avec le soutien des Nations unies en 2006, pour juger les hauts dirigeants khmers rouges.

Le tribunal hybride, qui utilise le droit cambodgien et le droit international, n'a condamné que trois personnes à ce jour et a coûté plus de 300 millions de dollars.

Pol Pot, qui voulait transformer le Cambodge à majorité bouddhiste en une utopie agraire, est mort en 1998 sans avoir été jugé.

L'ancien ministre des Affaires étrangères khmer rouge, Ieng Sary, et son épouse sont également morts avant d'avoir pu être jugés.

L'ancien chef de l'Etat Khieu Samphan, le dernier haut dirigeant khmer rouge encore en vie, a été condamné en 2018 à la prison à vie. Il a fait appel en août de sa condamnation et la décision est attendue l'année prochaine.

Il avait été condamné en même temps que le "Frère numéro 2" Nuon Chea, l'idéologue du régime, pour génocide et une longue série de crimes, notamment pour leur responsabilité dans des mariages forcés et des affaires de viols. Il est mort en prison en 2019.

Le tribunal avait aussi obtenu la condamnation de l'interrogateur en chef des Khmers rouges, Kaing Guek Eav, plus connu sous le nom de Duch, également mort derrière les barreaux.

Le Premier ministre Hun Sen, l'homme fort du Cambodge, lui-même ancien cadre des Khmers rouges, s'est prononcé contre tout nouveau procès, affirmant que cela plongerait le pays dans l'instabilité.

Justice Info est sur Bluesky
Comme nous, vous étiez fan de Twitter mais vous êtes déçus par X ? Alors rejoignez-nous sur Bluesky et remettons les compteurs à zéro, de façon plus saine.
Poursuivez la lecture...