18.01.12 - CPI/KENYA - DECISION AU PLUS TARD LE 23 JANVIER DANS LES DEUX AFFAIRES KENYANES

La Haye, 18 janvier 2012 (FH) - Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) rendront leur décision d'ici le lundi 23 janvier dans les deux affaires portant sur les violences post électorales de 2007 et 2008 au Kenya.

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Les juges diront s'ils confirment, ou non, les charges de crimes contre l'humanité retenues par le procureur contre six responsables kényans. Les suspects contre lesquels les juges estiment qu'il existe « des preuves suffisantes donnant des motifs substantiels de croire » qu'ils ont participé aux crimes reprochés seront alors formellement accusés et renvoyés en procès. Les juges peuvent aussi prononcer le « non-lieu » contre l'un ou l'autre des suspects, ou demander au procureur d'apporter des informations complémentaires.

Dans la poursuite des crimes commis au Kenya fin 2007 et début 2008, qui auraient entraîné la mort de 1133 personnes selon le procureur, l'accusation conduit deux affaires.

La première concerne les partisans du Mouvement démocratique orange (ODM), perdant de la présidentielle de 2007, qui, selon le procureur, auraient enclenché les violences. William Ruto, ancien ministre de l'Enseignement supérieur dans le gouvernement de coalition formé suite à l'accord de fin février 2008 qui avait mis fin aux violences, aurait orchestré les violences avec Henry Kosgey, ancien ministre de l'Industrie. Ils sont suspectés de crimes contre l'humanité pour meurtres, persécutions et transferts forcés de population. Journaliste à Kass FM, Joshua Sang est poursuivi pour participation à ces crimes.

La seconde affaire regroupe des membres du Parti national unifié (PNU) du chef de l'Etat réélu, Mwaï Kibaki, poursuivis pour avoir répliqué aux violences. Elle concerne Uhuru Kenyatta, actuel vice-premier ministre du gouvernement de coalition, Hussein Ali, chef de la police à l'époque des faits et aujourd'hui directeur des postes, et Francis Muthaura, ancien diplomate et actuel directeur de Cabinet de la présidence.

Les décisions des juges pourraient avoir un impact sur l'élection présidentielle prévue début 2013. A Nairobi, le quotidien The Standard estime que « la décision est attendue avec inquiétude et pourrait marquer un tournant dans la succession de Kibaki », l'actuel chef de l'Etat. « Cela pourrait aussi redéfinir la façon dont nos leaders se situent les uns par rapport aux autres sur l'agenda politique, et remodeler les alliances politiques avant les élections générales », écrit le journal.

Deux des six suspects sont candidats à la présidentielle de 2013. Cité par le quotidien kenyan Daily Nation, Uhuru Kenyatta a affirmé que sa « campagne n'est pas ancrée sur la procédure de la CPI, mais sur le programme que j'ai pour le pays. Ce sont des procédures qui prendront fin, et qui ne doivent pas faire dérailler nos campagnes ».

Autre prétendant à la présidentielle, William Ruto se veut combatif. « Nous allons mobiliser les soutiens dans tous les coins du pays et nous assurer que nous serons dans le prochain gouvernement (...) La décision de la CPI ne me détournera pas de ma course pour changer le niveau de vie des Kényans », a-t-il déclaré au quotidien.

Si les juges confirment les charges retenues contre les deux candidats à la présidentielle, ils ne se prononceront cependant pas sur leur participation éventuelle à la campagne électorale. Ils pourraient néanmoins, à tout moment de l'affaire, ordonner qu'ils soient incarcérés à La Haye. Selon une source à la Cour, le procureur aurait demandé, en septembre 2011, l'arrestation de certains des suspects, mais sans succès.

Au terme des audiences de confirmation des charges dans les deux affaires, en septembre et octobre 2011, les juges avaient prévenu les suspects du risque d'être arrêtés s'ils tentaient d'entraver le cours de la justice, par l'intimidation de témoins, notamment.

SM/ER/GF

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