Soudan: HRW accuse une milice alliée à l'armée d'une attaque meurtrière

L'organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) a accusé mardi une milice alliée à l'armée soudanaise d'avoir mené en janvier une attaque qui a fait au moins 26 morts dans un village du centre du Soudan.

Cette milice, les Forces du bouclier soudanais, "a intentionnellement visé des civils lors d'une attaque menée le 10 janvier" contre le village de Tayba, dans l'Etat d'Al-Jazira, où les combats entre l'armée et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) se sont intensifiés au cours des dernières semaines, a affirmé HRW dans un communiqué.

Tayba se trouve à 30 kilomètres à l'est de la capitale de l'Etat, Wad Madani, reconquise en janvier par l'armée plus d'un an après sa prise par les paramilitaires.

Durant cette attaque, a affirmé HRW, au moins 26 civils ont été tués, dont un enfant, tandis que les biens des habitants ont été pillés et incendiés.

"Ces actes constituent des crimes de guerre et certains, tels que les meurtres délibérés de civils, peuvent également constituer de potentiels crimes contre l'humanité", ajoute l'organisation.

Les Forces du bouclier soudanais sont dirigées par Abou Aqla Kaykal, un ancien membre des FSR ayant fait défection en 2024. Il a été accusé d'atrocités contre des civils, aussi bien quand il combattait aux côtés des paramilitaires que depuis qu'il a rejoint le camp de l'armée.

La guerre fait rage au Soudan depuis avril 2023 entre l'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires commandés par Mohamed Hamdane Daglo. Elle a fait des dizaines de milliers de morts et déraciné plus de 12 millions de personnes.

Les deux camps sont accusés de crimes de guerre et les FSR formellement accusées de "génocide" par Washington.

L'enquête de HRW indique que la population de Tayba a été visée à deux reprises le 10 janvier.

Tayba abrite des communautés Kanabi, appartenant à des groupes ethniques non arabes originaires de l'ouest du Soudan.

Selon des défenseurs des droits humains, les Kanabi ont été accusés de collaborer avec les FSR lorsque ceux-ci contrôlaient Al-Jazira.

Un survivant a raconté avoir reçu une balle près du rein, tandis que d'autres ont déclaré avoir entendu des insultes telles que "espèce d'esclave".

"Les autorités soudanaises doivent enquêter d'urgence sur toutes les violences signalées et demander des comptes aux responsables", a déclaré Jean-Baptiste Gallopin, chercheur à HRW.

Après l'attaque, l'armée avait nié être impliquée, l'attribuant à des "violations individuelles", et s'était engagée à demander des comptes aux auteurs.

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