12.04.12 - RWANDA/GENOCIDE - LE RWANDA DENONCE L’INACTION DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

Kigali, 12 avril 2012 (FH) - Lors d’une cérémonie dans la nuit de mercredi à jeudi  à Kigali, des représentants du gouvernement et des rescapés du génocide des Tutsis de 1994 ont une fois de plus dénoncé le rôle de la communauté internationale qui, selon eux,  n’a pas agi alors qu’elle en avait les moyens.

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La cérémonie se tenait au site de Nyanza où près de 5.000 personnes, dont une large majorité de Tutsis, furent tuées le 11 avril 1994 par des miliciens et des soldats rwandais après avoir été abandonnés par des éléments du contingent belge de la force des Nations unies.

Cette veillée de la mémoire a été émaillée de poignants témoignages de rescapés de Nyanza qui ont provoqué des cris de douleur parmi les participants.

« Ceux qui s’étaient regroupés à Nyanza ont été abandonnés par ceux qui devaient les protéger, cela appartient à l’Histoire, cela est gravé dans l’Histoire. Nous devons dire cette vérité à ceux qui les ont abandonnés», a déclaré Protais Mitali, ministre des Sports et la culture.

« Cette vérité ronge leurs cœurs mais nous devons la clamer haut. Car la douleur des rescapés est encore plus atroce », a poursuivi le ministre.

Le sénateur Jean-Damascène Bizimana a lui aussi critiqué l’inaction de la communauté internationale. En 1994, de Kigali à New York, en passant par certaines capitales comme Paris et Washington, a-t-il dit, la réalité du génocide ne laissait aucun doute mais « des alliances complices », entre Etats et entre hauts fonctionnaires, faisaient obstacle à toute intervention. Pour le parlementaire, les soldats belges de la MINUAR  auraient pu, s’ils l’avaient voulu, arrêter le massacre de Nyanza.

Le sénateur a par ailleurs dénoncé le retard de Washington à reconnaître qu’un génocide était en train d’être perpétré au Rwanda.

Jean-Pierre Dusingizemungu, président d’Ibuka, la principale organisation de survivants, était également présent à cette veillée. « Comment ne pas pleurer les milliers de personnes inhumées ici ? », s’est-il  interrogé, au milieu de cris de douleurs déchirant la nuit funèbre de Nyanza. « La voix des rescapés n’est toujours pas entendue (…) ces pleurs, c’est leur façon de se faire entendre », a ajouté le président d’Ibuka.

Chaque année, depuis 1995, le Rwanda observe, à partir du 7 avril, une semaine de deuil national en mémoire des victimes du génocide. A l’ouverture du deuil samedi dernier au stade national à Kigali, le président Paul Kagame a accusé les pays occidentaux de laisser circuler librement  sur leurs territoires des auteurs du génocide.

SRE-ER/GF