La Pakistan a interdit jeudi le parti islamiste radical Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP) en vertu des lois antiterroristes, à la suite d'affrontements entre des militants et les forces de l'ordre lors de manifestations anti-israéliennes qui ont fait cinq morts près de Lahore.
"Le cabinet fédéral a conclu à l'unanimité que le TPL est impliqué dans le terrorisme et les activités violentes", a déclaré le bureau du Premier ministre Shehbaz Sharif à l'issue d'un conseil des ministres.
"Les manifestations et rassemblements violents" du mouvement "ont entraîné la mort de membres des forces de l'ordre et de passants innocents", ajoute-t-il.
C'est la deuxième fois que les autorités interdisent le TLP, un parti d'extrême droite qui appelle régulièrement à l'expulsion d'ambassadeurs occidentaux et au meurtre de non-musulmans. Il est à l'origine de manifestations parmi les plus violentes dans le pays ces dernières années.
Le 9 octobre, des partisans du TLP, menés par le chef du parti Saad Rizvi, ont entrepris une marche depuis Lahore vers la capitale Islamabad pour exprimer leur opposition au cessez-le-feu négocié par les Etats-Unis entre Israël et le Hamas, et soutenu par le Pakistan.
Après que les autorités ont bloqué les routes entre Lahore et Islamabad, des affrontements ont éclaté quatre jours plus tard à Muridke, une ville en banlieue de Lahore où des milliers de partisans du TLP avaient convergé. Cinq personnes ont été tuées, dont un policier.
Les autorités ont depuis lancé une opération massive, gelant 95 comptes bancaires et plusieurs propriétés supposées liés au mouvement. Saad Rivzi s'est réfugié dans la clandestinité pour éviter d'être arrêté, selon des responsables.
Le TLP avait déjà été interdit en avril 2021 après des manifestations anti-France au cours desquelles plusieurs policiers et civils avaient été tués, mais l'interdiction avait été levée sept mois plus tard.
Le TLP a participé aux deux dernières élections générales en 2018 et 2024, sans remporter de siège.
Aux élections de février 2024, le TLP a réussi à remporter un siège à l'assemblée provinciale de la province du Pendjab, dont Lahore est la capitale.
Ce parti a mobilisé des milliers de partisans ces dernières années pour paralyser les villes, cibler les minorités religieuses et provoquer des émeutes.
Le parti, également connu sous le nom de Mouvement au service du Prophète, a pris de l'importance en 2016 en protestant contre l'exécution de Mumtaz Qadri, un garde du corps qui a assassiné le gouverneur du Pendjab Salman Taseer en 2011. Ce dernier avait appelé à réformer la loi contre le blasphème, qui prévoit la peine de mort au Pakistan.
De nombreux Pakistanais ont considéré Qadri comme un héros, ce qui a permis au fondateur du TLP Khadim Hussain Rizvi, père de Saad, de transformer le groupe en un mouvement de masse, avaient expliqué des analystes à l'AFP.
Le TLP a ses racines idéologiques dans l'islam Barelvi, un courant sunnite considéré comme modéré, mais pour lequel le blasphème constitue une ligne rouge.
