La Cour pénale internationale a déclaré jeudi rejeter la contestation de sa compétence dans l'affaire concernant l'ancien président philippin Rodrigo Duterte, accusé de crimes contre l'humanité.
La défense de l'ancien chef d'Etat de 80 ans avait soumis en mai une contestation de l'exercice de la compétence par la Cour, qui siège à La Haye.
"La Chambre estime que la Cour peut exercer sa compétence dans la présente affaire sur les crimes reprochés à M. Duterte qui ont été commis sur le territoire des Philippines alors que ce pays était un État partie", a déclaré la CPI dans un communiqué.
M. Duterte est visé devant la CPI par trois plaintes pour crimes contre l'humanité en raison de son implication dans des meurtres commis dans le cadre de sa "guerre contre la drogue" qui aurait fait des milliers de victimes.
Il a été arrêté à Manille le 11 mars, transféré aux Pays-Bas le soir même et est détenu depuis dans le quartier pénitentiaire de la CPI à la prison de Scheveningen, à La Haye.
Peu après l'arrestation de M. Duterte, son avocat, Nicholas Kaufman, avait affirmé auprès de l'AFP que la cour n'était pas compétente pour juger cette affaire, le retrait des Philippines de la CPI le 17 mars 2019 étant devenu effectif bien avant l'ouverture d'une enquête dans ce pays.
La CPI a affirmé que les Philippines étaient un État partie au Statut de Rome, "et étaient liées par ses dispositions du 1er novembre 2011 au 16 mars 2019", avant leur retrait.
"Les crimes contre l'humanité reprochés à M. Duterte dans la présente affaire ont été commis pendant cette période", a-t-elle ajouté.
Les procureurs de la CPI l'ont inculpé de trois chefs d'accusation pour crimes contre l'humanité, lui reprochant d'être impliqué dans au moins 76 meurtres liés à sa "guerre contre la drogue".
Le premier chef d'accusation concerne son rôle présumé de coauteur de 19 meurtres commis entre 2013 et 2016, lorsqu'il était maire de Davao.
Le deuxième porte sur 14 meurtres visant des "cibles de grande valeur" en 2016 et 2017, lorsque M. Duterte était président.
Et le troisième chef d'accusation vise 43 meurtres lors d'opérations de "nettoyage" contre de petits consommateurs ou revendeurs de drogue présumés.
Début octobre, la Cour a rejeté la demande de libération de M. Duterte pour raisons médicales, en attendant de décider s'il est en état de comparaître.

