La justice espagnole a annoncé vendredi avoir ouvert une enquête contre des dirigeants du sidérurgiste Sidenor pour complicité présumée de crimes contre l'humanité ou génocide, après avoir vendu de l'acier à une entreprise israélienne d'armement en pleine guerre dans la bande de Gaza.
L'Espagne, l'une des voix les plus véhémentes en Europe contre l'offensive militaire d'Israël dans la bande de Gaza, déclenchée en réponse aux attaques du 7 octobre 2023 commises par le mouvement islamiste palestinien Hamas en territoire israélien, a appliqué de fait pendant deux ans un embargo sur les armes en provenance et à destination d'Israël.
Cette interdiction a été formellement votée et approuvée sous forme de décret-loi le 8 octobre dernier par les députés espagnols, le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez défendant une mesure visant à "mettre fin au génocide".
Dans ce contexte, l'Audience nationale, un tribunal chargé des dossiers considérés comme sensibles, a annoncé vendredi que le président de Sidenor, José Antonio Jainaga, et deux autres dirigeants du groupe, étaient visés par une enquête pour "contrebande et complicité de crimes contre l'humanité ou de génocide pour avoir vendu des lots d'acier à l'entreprise Israel Military Industries".
Ces ventes ont été réalisées "sans l'autorisation gouvernementale requise", accuse dans un communiqué le tribunal espagnol, selon lequel les dirigeants de Sidenor savaient "pertinemment" que les volumes échangés "seraient utilisés pour la fabrication d'armes", en pleine guerre dans la bande de Gaza.
Les trois suspects sont convoqués pour témoigner devant un juge le 12 novembre, a ajouté l'Audience nationale.
L'entreprise Sidenor n'est, elle, pas visée par cette enquête, car ses employés ont eu un "rôle actif" pour "dénoncer publiquement" cette "activité présumée criminelle", selon cette source.
Sollicité par l'AFP, Sidenor a indiqué dans un communiqué avoir "confié l'affaire à ses avocats", ajoutant que le groupe allait "suivre leurs instructions pour répondre au juge" et promettant de "fournir toutes les informations dont il dispose".
La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, qui a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des sources officielles israéliennes.
L'offensive israélienne menée en riposte a fait au moins 68.000 morts dans la bande de Gaza, selon des données du ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas. Elle a aussi dévasté le territoire palestinien et provoqué un désastre humanitaire.
Un cessez-le-feu dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas est en vigueur depuis le 10 octobre.
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