Le premier procès en France lié au génocide des Yazidis en Syrie se tiendra en mars 2026

Une première en France concernant le génocide de la minorité religieuse Yazidie: un jihadiste français, présumé mort en Syrie, sera jugé par défaut en mars 2026 à Paris pour génocide et crimes contre l'humanité.

Dix ans après les faits concernés, entre août 2014 et courant 2016, le procès de ce jihadiste, Sabri Essid, devant la cour d'assises du 16 au 20 mars, sera le "premier (...) en France concernant le génocide des Yazidis en Syrie", a déclaré une source judiciaire à l'AFP.

Deux juges d'instruction du pôle crimes contre l'humanité du tribunal de Paris avaient ordonné en octobre 2024 que cet homme né en 1984 à Toulouse (sud-ouest de la France) soit jugé pour génocide, crimes contre l'humanité et complicité de ces crimes commis en Syrie au préjudice notamment de quatre femmes yazidies et de leurs sept enfants.

Les investigations ont révélé que Sabri Essid "a acheté plusieurs captives yazidies" avec leurs enfants à des membres de l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), notamment en vue, s'agissant des femmes, "d'en disposer sexuellement", soulignaient les magistrates dans leur ordonnance de mise en accusation, que l'AFP a pu consulter.

Les Yazidies, privées d'eau, de nourriture, de soins et de liberté comme leurs enfants, ont raconté "les viols répétés" commis avec "violence et brutalité" par Sabri Essid, qui les traitait "comme une marchandise sexuelle".

- "L'horreur aux mains de Daesh" -

"Ce premier procès en France portant sur le génocide des Yazidis était très attendu par mes clientes, qui ont subi l'horreur aux mains de Daesh. Elles se sont tournées vers la justice française en espérant que leurs voix seraient entendues, et que justice leur soit rendue", a déclaré à l'AFP Me Clémence Bectarte, côté parties civiles.

Sabri Essid est présumé mort depuis 2018. Aucune preuve officielle de son décès n'ayant été apportée, la justice française reste compétente pour le juger par défaut.

Le jihadiste français s'est rendu début 2014 en zone irako-syrienne, où il a été rejoint par sa femme, leurs trois enfants et le fils de cette dernière, né d'une précédente union.

Il figure dans une vidéo de propagande de l'EI diffusée le 10 mars 2015, dans laquelle il poussait son beau-fils, âgé de 12 ans, à exécuter un otage palestinien d'une balle dans la tête.

Deux autres personnes, Abdelnasser Benyoucef, émir de l'EI également présumé mort, et son ex-compagne Sonia Mejri, revenue en France, doivent également être jugées pour génocide et crimes contre l'humanité. Ce procès pourrait suivre, probablement en 2027.

- Première en Allemagne -

Sonia Mejri, accusée d'avoir réduit en esclavage une adolescente yazidie au printemps 2015, ce qu'elle conteste, sera la première femme française à être jugée, de manière générale, pour le crime de génocide, passible de la réclusion à perpétuité.

Les Yazidis, une minorité kurdophone adepte d'une religion pré-islamique, présente dans le nord de l'Irak et de la Syrie, ont été victimes d'exactions dans les zones contrôlées par les jihadistes de l'EI, telles que des viols, des enlèvements, de l'esclavage et des traitements inhumains.

En pointe sur ces dossiers, l'Allemagne, où vit une importante diaspora yazidie, avait déjà organisé le premier procès au monde en lien avec ce génocide.

Un tribunal de Francfort (ouest) avait condamné en novembre 2021 à la perpétuité le jihadiste irakien Taha Al-Jumailly, reconnu coupable d'avoir durant l'été 2015 à Falloujah, en Irak, laissé mourir de soif une fillette yazidie de cinq ans qu'il avait réduite en esclavage avec sa mère.

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