Mali : les victimes demandent la justice avant le pardon

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La commission Vérité, Justice et Réconciliation malienne veut accélérer la mise en œuvre de son calendrier. Une assemblée plénière a réuni aujourd'hui à Bamako les commissaires et chargés de mission de la commission. Parmi les points inscrits à l'ordre du jour figure la validation de la fiche de déposition des victimes. Les associations de défense des victimes tirent la sonnette d'alarme et exigent « la justice avant toute réconciliation ».

Cette assemblée plénière intervient alors que la mission vient de boucler une série de missions dans les régions. Pour le président de la commission Vérité, la rencontre de ce matin consacre une étape décisive de la mise en œuvre de la mission de l'institution. Selon lui, « la commission mettra tout en œuvre pour réussir cette mission ».
Ousmane Oumarou Sidibé président de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation :
« Ces fiches sont disponibles. La fiche comporte l’état civil, l’appartenance de la victime aux différentes organisations dont elle serait membre. Toutes les informations relatives à la position où elle était au moment où elle a subi les violences. Nous disons aux victimes que nous travaillons activement pour la mise en place de toute cette logistique. C’est un travail qui nécessite non seulement la mise en place d’outils, la mobilisation de plusieurs acteurs (acquisition de locaux sur le terrain, recrutement des personnels, etc.). Je peux vous assurer que par rapport aux autres commissions dans le monde, on considère que nous sommes allés beaucoup plus vite que pratiquement toutes les commissions. Mais il y a un temps et j’espère que très prochainement nous allons pouvoir démarrer ce travail sur le terrain et pour faire face aux attentes des populations ».

Les associations de défense des victimes de la crise se réjouissent de l'élaboration et de la validation de la fiche de déposition des victimes. Toutefois, elles mettent en garde contre « les arrangements politiques qui peuvent entraver le travail de la justice ». Selon elles, « la justice doit passer avant le pardon ».
Mme Bintou Founè Samaké est présidente de l'ONG Wildaf, une des associations de défense des victimes. Elle est jointe par Issa Fakaba Sissoko :
« Les Maliens attendent beaucoup de cette commission, car non seulement on veut connaître la vérité, que les responsabilités soient situées, mais également qu'elles puissent également proposer des stratégies et des solutions pour que désormais ce qui s'est passé au Mali ne se reproduise plus. Nous avons constaté qu'au passage des membres de la commission dans les régions, chaque fois c'est le mot pardon et réconciliation qui apparaissent couramment dans le langage. Mais personne n'ose parler ouvertement de justice. Or, on ne peut pas chaque fois prendre des armes, tuer des gens, violer des femmes, et chaque fois venir s'asseoir sur la même table. Moi, je pense que cette commission doit travailler encore sur ces questions, faire la part des choses et parler ensuite de réconciliation. Le mot vérité, justice, réparation doivent être les expressions primordiales dans leur langage, et non le pardon et la réconciliation ».