Syrie: Erdogan interpelle Trump et Poutine au sujet d'Assad

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Le président turc Recep Tayyip Erdogan a interpellé jeudi ses homologues américain et russe sur la Syrie, enjoignant le premier à passer aux actes contre le régime d'Assad, et se disant "peiné" par le soutien qu'apporte Moscou à ce dernier.

"Trump a dit qu'il était impossible de fermer les yeux face aux actions détestables du régime d'Assad. Je vous remercie, mais ne vous limitez pas aux paroles, (il faut) des actions", a déclaré M. Erdogan dans une interview à la chaîne Kanal7.

"S'il est véritablement question d'actions, alors nous, la Turquie, nous sommes prêts à prendre nos responsabilités. Nous ne reculerons pas", a ajouté le président turc, dont le pays est l'un des principaux soutiens de l'opposition qui cherche à renverser le régime d'Assad.

"Qui est le virus dans la région ? S'il vous plaît, il est temps que nous le sachions. Et agissons en conséquence", a poursuivi M. Erdogan.

Le président américain Donald Trump avait affirmé mercredi que l'attaque chimique présumée en Syrie avait changé son regard vis-à-vis de Bachar al-Assad, promettant une réponse américaine face à ce qu'il a qualifié d'"affront à l'humanité".

L'attaque, mardi, sur Khan Cheikhoun, petite ville de la province rebelle d'Idleb dans le nord-ouest, a déjà provoqué la mort de 86 personnes, dont 30 enfants, selon un bilan établi par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Jugeant que ce raid aérien avait "franchi de nombreuses lignes", M. Trump a longuement évoqué, visiblement ému, "les petits enfants et même de beaux petits bébés" qui ont péri. "Leur mort fut un affront à l'humanité. Ces actes odieux par le régime Assad ne peuvent pas être tolérés", a-t-il martelé.

Les propos de M. Trump marquent un durcissement du discours américain à l'égard du président syrien, quelques jours seulement après que le secrétaire d'Etat Rex Tillerson eut affirmé que le sort de M. Assad devait être décidé par "le peuple syrien", une approche mise en avant de longue date par Moscou, qui soutient le régime en place à Damas.

M. Erdogan a affirmé dans la même interview avoir évoqué l'attaque imputée au régime syrien lors d'un entretien téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine.

"J'ai parlé avec M. Poutine. Mais M. Poutine dit : +(Bachar al-)Assad est-il ou non derrière cela ?+ S'il ne comprend pas cela depuis deux jours, alors cela nous peine", a-t-il dit.

"Nous devons dépasser cela le plus rapidement possible, nous devons prendre une décision. Qui sont nos alliés ? Qui sont nos ennemis ?", a poursuivi M. Erdogan.

Si la Turquie et d'autres pays accusent le régime de M. Assad de porter la responsabilité de l'attaque, M. Poutine a déclaré jeudi qu'il était "inacceptable" de porter des "accusations non fondées contre qui que ce soit".

Peu avant M. Erdogan, le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, avait durement critiqué le soutien de Moscou au régime de Damas.

"Que la Russie protège ce régime (syrien), c'est une mauvaise chose au plus haut point", a déclaré M. Cavusoglu lors d'un entretien à la chaîne d'information NTV, ajoutant que personne ne pouvait "soutenir ce crime contre l'humanité".