Brésil: le président Temer sauve son mandat sans trembler

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Le président brésilien Michel Temer a sauvé son mandat haut la main mercredi malgré sa mise en accusation pour corruption en obtenant une large majorité à la Chambre des députés pour empêcher l'ouverture d'un procès à son encontre.

L'opposition avait besoin de rassembler deux tiers des votes (342 sur 513) pour pousser M. Temer vers la sortie, mais elle en a obtenu moins de la moitié.

Au total, 263 députés présents se sont prononcés contre l'ouverture d'un procès, contre seulement 227 pour et deux abstentions.

"La chambre des députés, qui représente le peuple brésilien, s'est prononcée de façon claire et incontestable. Ce n'est en aucun cas une victoire personnelle, c'est une victoire de l'État de droit démocratique", s'est félicité M. Temer à la télévision dès l'annonce du résultat.

Un résultat pourtant en décalage avec celui d'un sondage récent selon lequel 81% des Brésiliens souhaitaient que les députés se prononcent en faveur d'un procès.

Malgré une cote de popularité au niveau abyssal (5%), le président semble avoir désormais une plus grande marge de manoeuvre pour mettre en place les mesures d'austérité réclamées par les marchés pour sortir le Brésil d'une récession historique.

"Nous allons continuer à mettre en place les réformes dont le Brésil a besoin. Je travaillerai inlassablement, jusqu'à la dernière minute de mon mandat, en décembre 2018", a-t-il promis.

La plupart des députés ayant voté contre l'ouverture d'un procès ont mis en avant la nécessité de mettre en place ces mesures, notamment la réforme des retraites, dont l'examen au Parlement est au point mort en raison de la crise politique.

 

- Échauffourées -

 

Premier président en exercice formellement accusé de corruption, M. Temer, 76 ans, a de nouveau échappé au couperet, après avoir été blanchi par la justice électorale en juin.

Le plus grand pays d'Amérique latine évite ainsi un deuxième changement brutal à la tête de l'Etat en un peu plus d'un an, après la destitution pour maquillage de comptes publics de Dilma Rousseff.

M. Temer a échappé à un procès malgré de graves accusations: selon le procureur général Rodrigo Janot, il s'est "prévalu de sa condition de chef d'État" pour recevoir 500.000 réais (environ 140.000 euros) de pots-de-vin de la part du géant de la viande JBS.

Malgré sa nette victoire dans le vote de mercredi, il reste cependant sous la menace de nouvelles accusations issues des révélations explosives de Joesley Batista, propriétaire de JBS, qui l'a piégé à l'aide d'un enregistrement compromettant.

La séance qui a permis au président Temer de sauver son mandat s'est étendue sur près de 13 heures, dans une ambiance délétère, marquée par des échauffourées entre députés.

Malgré le climat de tension extrême, la partie semblait jouée d'avance, au moins pour les marchés.

Peu avant le début du vote, la Bourse de Sao Paulo a terminé la séance en hausse, dépassant les 67.000 points pour la première fois depuis le début du scandale impliquant M. Temer en mai.

 

- Valise pleine de billets -

 

Le début de la séance a été marqué par des protestations bruyantes de la gauche réclamant la tête du président. Puis des parlementaires de tous bords -- dont plus d'un tiers sont eux-mêmes visés par des enquêtes pour corruption -- se sont lancés dans des diatribes.

Bien que l'opposition ait réussi à retarder le début du vote par des manoeuvres dilatoires, le quorum nécessaire a finalement été atteint.

Au début de la séance, trois députés du PSOL, parti d'extrême gauche, ont brandi une valise de billets arborant le visage de Michel Temer, en référence à l'arrestation en mai d'un proche du président en possession d'une valise de coupures qui lui aurait été destinée.

Le président n'a pas ménagé ses efforts ces dernières semaines pour s'assurer du soutien d'une majorité de députés. Des ministres ont été réquisitionnés pour aller voter à la Chambre, et de nombreuses, et coûteuses, faveurs auraient été accordées à des députés.

"Pour rester au pouvoir, Temer a sans doute dépensé autant que le PSG pour le transfert de Neymar", a ironisé Chico Alencar, député du PSOL, en référence à la clause libératoire de 222 millions d'euros que le club doit payer au FC Barcelone pour s'attacher les services du joueur brésilien.

L'avenir du footballeur était d'ailleurs plus commenté par les Brésiliens sur les réseaux sociaux que celui du président Temer, le président le plus impopulaire depuis la dictature militaire.