Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est dit jeudi "préoccupé" par les centaines de civils tués en Syrie et les milliers de nouveaux déplacés, alors que le pays connaît son "plus fort pic" de violences depuis la bataille d'Alep en 2016.
Dans un communiqué distinct, le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a également déploré "des informations faisant état d'un nombre élevé de victimes civiles dû aux violentes attaques aériennes en Syrie".
"Préoccupé par les premiers bilans qui font état de centaines de civils tués et de destructions d'écoles et d'hôpitaux", le CICR a souligné que les combats avaient atteint "un degré d'intensité jamais vu" depuis janvier.
"Globalement, il s'agit du plus fort pic de violence depuis la bataille d'Alep (nord) en 2016", a-t-il estimé.
Une alliance de combattants kurdes et arabes, appuyée par les avions de la coalition internationale emmenée par Washington, cherche à déloger le groupe Etat islamique (EI) de la province de Deir Ezzor, dans l'est syrien, où les forces du régime de Damas sont aussi engagées avec le soutien de l'aviation russe.
Les FDS combattent également l'EI dans ses derniers réduits de Raqa, qui fut la capitale de facto du groupe extrémiste en Syrie ces trois dernières années.
Le mois de septembre a ainsi été le plus meurtrier en 2017 dans ce pays en guerre depuis plus de six ans, avec plus de 3.000 morts dont près d'un millier de civils, a récemment indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Selon le CICR, "de plus en plus d'hommes, de femmes et d'enfants fuient la violence des opérations militaires". L'organisation estime qu'il en arrive chaque jour "plus d'un millier" dans certains camps installés autour de Raqa et de Deir Ezzor.
"Depuis deux semaines, nous assistons à une intensification alarmante des opérations militaires qui a entraîné la mort de nombreux civils", a déclaré Marianne Gasser, à la tête de la délégation du CICR en Syrie.
- 'Inacceptable' -
"Les histoires que relatent mes collègues sont bouleversantes, comme celle de cette famille de 13 personnes qui a perdu 10 de ses membres, tués dans des attaques aériennes ou par des engins explosifs alors qu'ils fuyaient Deir Ezzor pour se mettre en sécurité", a-t-elle ajouté.
Raqqa, Deir Ezzor et la région rurale située à l'ouest d'Alep ne sont pas les seules à connaître un regain de violence. De nombreuses zones dites "de désescalade" sont également touchées, notamment Idleb, la région rurale de Hama et la Ghouta orientale, note le CICR.
Les affrontements qui ont eu lieu ces dix derniers jours ont endommagé pas moins de dix hôpitaux, "empêchant des centaines de milliers de personnes d'accéder aux soins de santé les plus élémentaires", indique l'organisation basée à Genève.
De son côté, le coordinateur régional humanitaire de l'Ocha pour la crise en Syrie, Panos Moumtzis, a estimé que "les hôpitaux, les ambulances, les écoles et les déplacés fuyant la violence ont été pris pour cible par des frappes aériennes qui ont fait des morts et des blessés parmi les civils".
"Viser des civils, des hôpitaux et d'autres installations médicales est simplement inacceptable", souligne l'Ocha, qui précise que ces actes "pourraient représenter des crimes de guerre".
Déclenché en 2011 par la répression gouvernementale de manifestations pacifiques, le conflit en Syrie s'est complexifié avec l'implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé. Il a fait plus de 330.000 morts selon l'OSDH, et des millions de déplacés et réfugiés.