14.04.08 - TPIR/PRESSE - LES MEDIAS AFRICAINS APPELES A ETRE DES CATALYSEURS DU DEVELOPPEMENT

Arusha, 14 avril 2008 (FH)- Les médias africains devraient tirer profit de l’expérience rwandaise en se gardant d’inciter à la haine ethnique comme ce fut le cas lors du génocide des Tutsis en 1994. La presse du continent devrait en revanche servir de catalyseur du développement.

2 min 12Temps de lecture approximatif

Cet appel a été lancé par le porte-parole du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) lors d’un séminaire sur le rôle des médias des pays d’Afrique de l’est dans la prévention et la résolution des conflits, organisé à Dar es salaam vendredi dernier.

Roland Amoussouga a indiqué que pour éviter la répétition de ce qui s’est passé au Rwanda en 1994, les médias doivent avoir le courage de dire non à toute forme de haine ou discrimination basées sur l’ethnie, le sexe ou la religion. Il a rappelé à l’assistance composée de rédacteurs en chefs et de directeurs ou propriétaires de publications que trois anciens dirigeants de la presse rwandaise ont été jugés et condamnés par le TPIR.

« Il a été prouvé devant la chambre que les dirigeants des médias, usant de leur pouvoir, ont incité aux massacres de Tutsis et de Hutus modérés par le bais de leurs organes de presse… Ce qui a été disséminé à travers la radio, la télévision (sic) et les journaux étaient des mots comparables à des cartouches dans un fusil », a expliqué Amoussouga.

Dans le procès dit « Médias », le TPIR a condamné Jean-Bosco Barayagwiza et Ferdinand Nahimana, membres du comité d’initiative de la Radio-télévision libre des mille collines (RTLM) à 32 et 30 ans de prison respectivement et Hassan Ngeze, directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, à 35 ans.

Le génocide, les crimes contre l’humanité, les crimes économiques comme la corruption et la mauvaise gouvernance se développent secrètement, a poursuivi Amoussouga. « Quand la presse joue un rôle actif dans la justification de tels crimes et incite à les commettre, le résultat est plus tragique, comme ce fut le cas au Rwanda en 1994 », a-t-il indiqué.

Il a par la suite plaidé en faveur d’une presse libre et indépendante qui joue pleinement son rôle d’information du public et qui contribue à le dissuader à continuer à penser que la corruption, la mauvaise gouvernance et autres malversations sont inévitables et que les personnes investies d’une certaine autorité dans notre société ne doivent pas faire l’objet d’investigations.

Il a ajouté que « des institutions faibles dans plusieurs pays africains ont renforcé la culture de l’impunité surtout dans des régimes dictatoriaux qui feront tout pour s’accrocher au pouvoir ».

L’existence du TPIR, a-t-il avancé, a contribué au dénouement heureux des crises politiques en République démocratique du Congo (RDC), au Burundi et plus récemment au Kenya.

Selon lui, les médias doivent comprendre que l’impact d’un conflit dans un pays est ressenti chez ses voisins, créant des tensions inutiles aux frontières et dans la région notamment des perturbations aux niveaux économique et social.

Créé en novembre 1994, le TPIR a déjà jugé 35 personnes. 5 d’entre elles ont été acquittées. Sur un total de 92 individus mis en accusation, 79 ont été déjà arrêtés. La juridiction termine ses procès en première instance à la fin de l’année et ceux en appel en 2010.

SC/AT/GF