Tunisie: ouverture d'un nouveau procès devant la justice transitionnelle

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Le procès pour la mort sous la torture d'un opposant islamiste en 1991 s'est ouvert vendredi à Nabeul, dans le nord de la Tunisie, deuxième affaire instruite par l'instance chargée de rendre justice aux victimes de la dictature en Tunisie.

Créée en 2014 pour solder les comptes des années de dictature mais aussi de la période ayant immédiatement suivi la révolution --jusqu'en 2013--, l'Instance Vérité et Dignité (IVD) a le pouvoir de renvoyer devant des tribunaux spécialisés les responsables présumés de viols, meurtres, tortures ou faits de corruption.

Fin mai, a débuté au tribunal de Gabès (sud-est) le premier procès instruit par cette instance, relatif à la disparition forcée et la torture de Kamel Matmati, un membre du mouvement islamiste Ennahdha, arrêté en 1991.

Le cas transféré vendredi au tribunal de première instance de Nabeul concerne Rachid Chammakhi, un prisonnier islamiste torturé à mort en octobre 1991, sous le régime du président Zine El Abidine Ben Ali, destitué par la rue en 2011.

Trente-trois auteurs de "crime contre l'humanité", dont le président Ben Ali, ses ministres de l'Intérieur et de la Justice Abdallah Kallel et Sadok Chaâbane ainsi que d'autres ex-hauts responsables, sont impliqués dans ce crime, a affirmé à l'AFP Oula Ben Nejma, présidente de la Commission de recherche et investigation de l'IVD.

Aucun accusé n'était présent lors de cette audience, a indiqué l'avocate Farida Laabidi.

Toute la famille de Rachid Chammakhi était par contre présente à cette audience, selon la même source.

Déjà condamné par contumace à plusieurs années de prison pour torture, Ben Ali vit en exil en Arabie saoudite. Il est aussi poursuivi dans l'affaire de Kamel Matmati.

L'ancien dictateur et ses ministres sont poursuivis pour "participation à un homicide volontaire" et "torture" les autres responsables sécuritaires pour "homicide volontaire sous la torture", "agression sexuelle et viol", selon Me. Laabidi.

Rachid Chammakhi a été arrêté le 24 octobre 1991 par des agents du poste de la garde nationale (gendarmerie) de Nabeul où il a été torturé "sauvagement" sur toutes les parties de son corps et sodomisé par un câble métallique, selon son dossier judiciaire. Il est décédé le 27 octobre.

Selon les autorités tunisiennes, il est décédé à la suite d'un arrêt cardiaque dû à une ancienne hépatite virale.

Le 6 juillet, le tribunal de Nabeul ouvrira un autre procès instruit par l'IVD concernant la mort sous la torture de Faycel Baraket, un autre opposant islamiste.