Liberia: appel à juger les responsables de crimes pendant la guerre civile

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Le représentant au Liberia du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme (HCDH) et des ONG ont appelé vendredi à Monrovia les autorités à juger les auteurs de crimes commis pendant la guerre civile qui a ravagé ce pays d'Afrique de l'Ouest de 1989 à 2003.

"Comment un pays qui a connu des violations flagrantes des droits de l'homme peut-il se réconcilier avec son passé pour façonner son futur?", a déclaré à l'ouverture d'une conférence organisée par des ONG libériennes et internationales le représentant du HCDH, Uchenna Emelonye.

"Comment peut-il s'assurer que leurs auteurs rendent des comptes, décourager l'impunité et parvenir à une réconciliation durable? Tel est le dilemme de tous les pays post-conflit, dont le Liberia", a-t-il souligné.

Quinze ans après la fin de ce conflit particulièrement atroce qui a fait quelque 250.000 morts, un très grand nombre de personnalités directement impliquées dans la guerre civile occupent toujours des positions importantes dans les sphères du pouvoir politique et économique.

Les recommandations du rapport de la Commission vérité et réconciliation (TRC) publié en 2009 sont restées largement lettre morte, notamment au nom du maintien de la paix, certains des chefs de guerre incriminés étant considérés comme des "héros" par leurs communautés respectives.

En juillet, le Comité des droits de l'Homme de l'ONU a regretté que "très peu de mesures" de ce rapport aient été adoptées et l'absence de poursuites à l'encontre des personnes citées, disant craindre "qu'une telle situation ne favorise un climat d'impunité et ne fasse obstacle à la justice transitionnelle".

"La position du Haut-Commissariat aux droits de l'Homme est que tous les acteurs, sous l'impulsion du gouvernement, doivent faire en sorte que les comptes soient rendus pour les crimes du passé", a ajouté M. Emelonye, insistant sur la nécessité que les Libériens s'approprient ce processus, dans le respect des normes internationales.

La députée Rustonlyn Dennis a exprimé le soutien du Parlement libérien à ce processus, mais souligné les possibles problèmes budgétaires qu'elle pourrait entraîner pour ce pays pauvre.

"Nous sommes inquiets par le financement d'un tribunal pour juger les crimes de guerre et la sécurité des habitants", a-t-elle dit, souhaitant que cette conférence "apporte un nouveau visage à la justice au Liberia".

L'un des principaux acteurs du conflit, l'ex-chef de guerre devenu président (1997-2003), Charles Taylor, a été condamné en 2012 pour des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre perpétrés en Sierra Leone voisine, mais n'a pas été inquiété pour les atrocités commises dans son propre pays.