Des victimes de la guerre civile au Liberia manifestent pour la création d'un tribunal

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Quelques milliers de Libériens ont manifesté lundi à Monrovia pour réclamer l'établissement d'un tribunal de guerre chargé de juger les auteurs de crimes commis pendant la guerre civile qui a ravagé ce pays d'Afrique de l'Ouest de 1989 à 2003, a constaté un correspondant de l'AFP.

Répondant à l'appel d'une association de victimes, "Campaigners and Victims for Justice", les quelque 2.000 manifestants, selon le correspondant de l'AFP, ont défilé sur les principales artères de la capitale libérienne, perturbant la circulation pendant plusieurs heures.

Ils brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Les seigneurs de la guerre et les criminels économiques doivent faire face à la justice", "Nous voulons une cour pour les crimes de guerre et les crimes économiques" ou encore "Nous exigeons la justice pour les victimes de la guerre".

Quinze ans après la fin de ce conflit particulièrement atroce qui a fait quelque 250.000 morts - dans un pays qui comptait alors moins de 4 millions d'habitants-, un très grand nombre de personnalités directement impliquées dans la guerre civile occupent toujours des positions importantes dans les sphères du pouvoir politique et économique.

Les manifestants se sont rendus tour à tour à l'ambassade des Etats-Unis, au quartier général de l'ONU, aux bureaux de l'Union européenne, de l'Union africaine, de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest pour y déposer une pétition.

"Vous savez que cet horrible épisode de notre histoire a vu l'extermination, la réduction en esclavage et d'autres actes inhumains commis contre la population civile (...). Ces années noires ont vu le viol de nos mères et de nos soeurs et le recrutement d'enfants soldats", selon le texte adressé aux représentants de la communauté internationale.

"Nous voulons un tribunal pour juger ces crimes de guerre afin de mettre fin à l'impunité. C'est seulement l'établissement d'un tribunal de guerre qui apportera la justice aux victimes de viols et de meurtres, à leurs familles et leurs amis. Il est temps pour la justice au Libéria. Faites juger les criminels de guerre", ont écrit les pétitionnaires.

Vendredi, le représentant au Liberia du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme (HCDH) et des ONG avaient déjà appelé les autorités libériennes à juger les auteurs de crimes commis pendant cette période.

L'un des principaux acteurs du conflit, l'ex-chef de guerre devenu président (1997-2003), Charles Taylor, a été condamné en 2012 pour des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre perpétrés en Sierra Leone voisine, mais n'a pas été inquiété pour les atrocités commises dans son propre pays.