09.06.2000 - TPIR/BAGILISHEMA - BAGILISHEMA AFFIRME QU'IL N'Y PAS EU DE TUERIES EN MASSE A MABANZA

Arusha 9 juin 2000 (FH) - l'ancien maire de Mabanza (préfecture Kibuye), Ignace Bagilishema, a affirmé qu'il n'y a pas eu de tueries en masse dans sa commune, pendant les événements D'avril-juin 1994. "Je me suis mis corps et âme à défendre les personnes en détresse et je n'ai jamais changé mon attitude jusqu'à mon départ du Rwanda," a indiqué Bagilishema, lors de son contre-interrogatoire par le parquet jeudi et vendredi, devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

2 min 16Temps de lecture approximatif

Ignace Bagilishema était maire de Mabanza dans la préfecture de Kibuye (ouest du Rwanda) lors du génocide rwandais en 1994. Il est poursuivi pour des massacres de Tutsis dans quatre communes de la préfecture de Kibuye. Il plaide non coupable. Il a terminé vendredi son témoignage D'une semaine dans son propre procès mené par la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien, Erik Mose, et comprenant les juges Asoka de Zoysa Gunawardana (Sri Lanka), et Mehmet Güney (Turquie).

"Je me suis jeté devant les assaillants Abakiga venant du Nord pour sauver des vies humaines", a dit Bagilishema . "Je ne savais pas si moi-même J'allais survivre", a-t-il ajouté. Bagilishema a affirmé avoir demandé conseil auprès "des autorités spirituelles" (les pasteurs) pendant les moments difficiles. "Je suis resté en fonction pour sauver des vies humaines. Sans ressources, tant bien que mal , J'ai sauvé des vies humaines selon les possibilités et les conditions du moment", a dit Bagilishema , répondant à une question D'un juge. "Il faut poser la question aux personnes que J'ai sauvées", a-t-il poursuivi en réponse à une autre question D'un juge qui demandait s'il estimait que le fait D'être resté en fonction avait été utile". "Je regrette de ne pas avoir eu assez de moyens pour sauver toute la population de ma commune[...] Je n'ai jamais commis de crime, ni de génocide, ni contre l'humanité, ni contre qui que ce soit", a-t-il souligné.

Bagilishema a dit que dans sa commune il n'y a jamais eu D'entraînements de civils dans le cadre de la défense civile. Par contre, il a affirmé avoir accordé les autorisations à deux jeunes gens qui voulaient se rendre à Kigali afin D'intégrer la milice Interahamwe qui combattait le Front patriotique rwandais (FPR).

Bagilishema avait par ailleurs signalé jeudi qu'il avait "servi la population, et non le gouvernement," pendant les événements D'avril-juin 1994. "J'étais adulte et si quelqu'un m'avait donné un ordre contraire à ma volonté, je n'y aurais pas adhéré", a-t-il affirmé. "Je n'ai rien à faire avec les massacres des Tutsis à Mabanza et je n'y ai pas participé, ni passivement ni activement", a-t-il plaidé.

Bagilishema a par ailleurs avancé que les dirigeants actuels de la commune Mabanza l'avaient fait mettre sur la liste des personnes poursuivies par le gouvernement rwandais pour génocide, tout simplement pour l'empêcher de rentrer au pays. "Celui qui m'a remplacé est venu ici témoigner contre moi, il est dans ma maison, il a tous mes biens, comment ne pas me mettre sur la liste afin je reste en prison pour de bon?", a argumenté Bagilishema.

"Ils m'ont envoyé deux messagers quand J'étais au Zaïre pour me convaincre de rentrer , J'ai dit que je préférais attendre pour voir l'évolution de la situation, ils m'ont ainsi mis sur la liste parce que J'ai refusé de collaborer avec eux", a-t-il expliqué.

Dès le 10 juillet prochain, la chambre commencera à entendre les arguments finaux des parties.
Son procès a commencé le 27 septembre 1999.

CR/FH (BS%0609A)