Je pense que cela montre que ce tribunal est très actif et très efficace".
La police britannique a arrêté Tharcisse Muvunyi samedi 5 février à Londres, sur la base D'un mandat D'arrêt envoyé vendredi aux autorités britanniques. Muvunyi est poursuivi pour génocide, incitation directe et publique à commettre le génocide, et crimes contre l'humanité, comprenant le viol.
Il devrait comparaître lundi devant les magistrats de la Cour de Bow Street à Londres. "Nous espérons que la procédure de son transfert au tribunal aboutira le plus tôt possible", a déclaré Kingsley Moghalu à l'agence Hirondelle.
A l'époque du génocide de 1994 au Rwanda, Tharcisse Muvunyi était commandant de l'Ecole des Sous-Officiers (ESO), dans la préfecture de Butare (sud du pays), où certains des pires massacres ont été commis. Il avait alors un contrôle effectif sur toutes les opérations militaires dans la préfecture de Butare.
Selon l'acte D'accusation établi contre lui, Muvunyi a dit à ses hommes que les discours prononcés par le président intérimaire D'alors, Théodore Sindikubwabo et le premier ministre Jean Kambanda, incitant à l'extermination des Tutsis, devaient être considérés comme des ordres à respecter.
Muvunyi lui-même est accusé D'avoir tenu publiquement des propos incitant la population à tuer les Tutsis, et D'avoir, à cette fin, fourni des grenades aux miliciens Interahamwe. Muvunyi est tenu pour responsable des atrocités commises par des soldats sous son commandement, comprenant le massacre de deux prêtres tutsis et de 25 enfants tutsis qui avaient trouvé refuge dans un couvent.
Selon l'acte D'accusation, plusieurs femmes et filles ont été violées dans la zone contrôlée par Muvunyi. Il savait que ses subordonnés étaient impliqués dans des viols, mais il n'a rien fait pour s'y opposer ou punir les criminels.
Asile temporaire
Muvunyi venait de passer près de deux ans en Grande Bretagne, où il bénéficiait de l'asile temporaire. Le Tribunal pénal international pour le Rwanda a été informé de sa présence par le journal britannique "Sunday Times", qui a rapporté qu'il vivait de la sécurité sociale à Londres, avec sa famille.
Le gouvernement rwandais a demandé son extradition en 1999, mais la Grande Bretagne n'a pas D'accord D'extradition avec le Rwanda. Le chef des enquêtes du TPIR, Mohamed Othman, a déclaré à l'agence Hirondelle que son bureau avait interrogé Muvunyi il y a quelque temps déjà.
Le procureur du TPIR, Carla de Ponte, s'est rendue à Londres dernièrement, afin de demander aux autorités britanniques de l'arrêter. A la question de savoir pourquoi cela avait pris du temps, le porte-parole du TPIR, Kingsley Moghalu, a répondu que "les investigations pour des crimes aussi graves que le génocide ne peuvent pas être une affaire de court terme. Les investigations qui sont crédibles, exactes, et professionnelles prennent du temps".
C'est la première fois qu'un accusé du génocide est arrêté en Grande Bretagne. Selon le chef des enquêtes Mohamed Othman, cette arrestation était importante et les autorités britanniques avaient déjà indiqué qu'elles coopéreraient. "l'exécution immédiate du mandat D'arrêt témoigne D'un bon niveau de coopération", a-t-il dit, "t cette fois-ci nous n'avons pas dû employer nos propres moyens pour le localiser".
Plusieurs arrestations en Europe
l'arestation de Muvunyi en Grande Bretagne intervient juste après celle de l'ancien chef de la gendarmerie rwandaise, Augustin Ndindiliyimana, en Belgique, et celle en décembre de l'ancien ministre Jean de Dieu Kamuhanda, en France.
La majorité des accusés du génocide rwandais détenus par le TPIR à Arusha ont été arrêtés dans des pays africains. Mais le nouveau procureur, Carla del Ponte, a promis une politique D'arrestation plus agressive, et il y a environ 90 personnes autour desquelles des enquêtes se font encore.
"Le procureur est très actif", a dit Moghalu à l'agence Hirondelle. "Je pense aussi que cela est une indication que les pays européens deviennent de plus en plus coopératifs envers le tribunal".
Le porte-parole du TPIR a en outre déclaré que c'était aussi un développement positif, dans le sens où la communauté internationale s'implique dans la chasse contre les accusés du génocide. "Les arrestations en Europe montre l'aspect global de la question", a dit Moghalu. "Ils [les accusés de génocide] peuvent fuir, mais ils ne peuvent plus se cacher".
JC/PHD/FH (MV%0207A)