Les détenus libérés sont originaires des communes Kanzenze (40 personnes), de Ngenda (20), et de Gashora (16). Ces trois communes forment la sous-préfecture de Kanazi (dans la préfecture de Kigali rural) qui avait accueilli le plus gros des contingents de Tutsis, déplacés de leurs villages par le gouvernement lors de différents massacres anti-tutsi des années 59-60.
Selon le procureur de Nyamata, Sylvère Gatambiye, en charge des enquêtes sur les détenus de Rilima, malgré tous les efforts, le parquet n’a trouvé aucune charge contre les 76 détenus. Mais, a-t-il précisé, "nous pensons que, maintenant qu’ils retournent dans leurs villages, nous pourrons cette fois-ci obtenir des indices".
"En effet, ces gens étaient peut-être connus uniquement sous leurs surnoms dans leurs villages. Or nous, quand nous enquêtions, nous partions avec les vrais noms, inconnus des villageois. Puisqu’ils vont les voir maintenant, sachant qui ils sont, il se pourrait qu’ils en accusent certains avec certitude".
Après le départ des 76 personnes libérées, il reste 7604 détenus dans la prison de Rilima, construite pour une capacité dix fois moins importante. Ce centre de détention est le premier à avoir enregistré le plus grand nombre de détenus, plus de deux mille, à avoir plaidé coupable lors des procédures d’instruction. La plaidoirie de culpabilité donne une chance de réduction des peines, sauf pour les gens classés dans la catégorie une dite des "génocidaires", c’est-à-dire les planificateurs et les responsables d’actes de viols et de tortures sexuelles. Selon la loi sur le génocide, ils ne peuvent pas échapper à la peine de mort.
Les 76 détenus constituent la première vague de libération des dix mille prisonniers accusés de génocide sans dossier décidée par le Gouvernement. Les autorités judiciaires, dans le cadre d’une sensibilisation préalable de l’opinion, ont déjà fait parvenir leurs listes à leurs communales d’origine.
Ibuka, le collectif des organisations des survivants du génocide, entend continuer à protester contre ces libérations, par des déclarations et des communiqués, mais aussi à aider la justice à réunir les preuves, "afin qu’ils soient à nouveau arrêtés et jugés".
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