ARRESTATION D’UN EX-MINISTRE MIS EN ACCUSATION DEPUIS SEPT ANS

  Arusha, 21 septembre 2007 (FH) - TPIR/SYNTHESE HEBDOMADAIRE) - Un ex-ministre rwandais inculpé de génocide depuis 1999 a été arrêté au début de cette semaine en Allemagne à la demande du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).  

3 min 45Temps de lecture approximatif

Augustin Ngirabatware, 50 ans, était ministre du plan en 1994. Le procureur l’accuse notamment d’avoir acheminé les fonds de développement de l’Etat alloués à son ministère vers le parti présidentiel auquel il appartenait,  pour servir à l’achat d’armes et de médicaments au bénéfice « du programme de défense civile »   « Les armes ainsi achetées n’étaient pas affectées aux objectifs légitimes de défense nationale, mais destinées et utilisées plutôt pour armer la population civile et les milices civiles aux fins qu’elles commettent des crimes contre les Tutsis », selon l’acte d’accusation.   Ngirabatware était l’un des suspects les plus recherchés par le TPIR parmi lesquels figure également  son beau-père, l’homme d’affaires Félicien Kabuga.   Le porte-parole du procureur, Tim Gallimore, a déclaré que Ngirabatware devrait être jugé par le TPIR alors que plusieurs autres accusés en fuite ou en attente de procès risquent d’être transférés vers des juridictions nationales, en particulier celles du Rwanda, conformément à la stratégie de fin de mandat de cette juridiction de l’ONU en décembre 2008.   Ngirabatware est considéré par le procureur comme un membre influent du parti présidentiel à Gisenyi (nord-ouest), sa région natale, « de part son statut d’éminent universitaire, sa permanence au gouvernement depuis 1990 à la tête d’un ministère clé ou circulaient beaucoup de  fonds et étant le beau-fils de Félicien Kabuga (lui-même richissime allié du Président Juvénal Habyarimana)».   Le TPIR est en en négociations avec l’Allemagne en vue du transfert de Ngirabatware à Arusha.   Le Tribunal a par ailleurs tenu cette semaine des audiences dans plusieurs autres affaires. Lundi, les juges ont entendu le réquisitoire du procureur et la plaidoirie de la défense dans l’affaire Juvénal Rugambara, l’ancien maire de Bicumbi (est du Rwanda), qui a plaidé coupable d’extermination de certains de ses administrés Tutsis en 1994.   Le procureur a requis au moins douze ans de prison contre lui, tandis que la défense a plaidé pour « une sanction qui le rapproche le plus possible de ses compatriotes (…) une peine qui le réhabilite ». Rugambara a exprimé des remords profonds et a demandé pardon aux victimes.   Des audiences se sont également poursuivies dans les procès Butare, Gouvernement II, Rukundo et Nshamihigo.   Le procès Butare a été marqué par le témoignage, en faveur de l’ex-maire Joseph Kanyabashi, du professeur belge Filip Reyntjens, un historien  spécialiste du Rwanda.   Plusieurs fois cité comme expert par le procureur, Filip Reyntjens a rompu avec celui-ci en 2005 du fait qu’il n’a pas inculpé des éléments de l’ex-rébellion rwandaise suspectés de crimes de guerre.   Dans Gouvernement II, c’est l’ex-ministre des affaires étrangères, Jérôme Bicamumpaka, un des quatre accusés, qui a témoigné pour sa propre défense. Son témoignage avait été interrompu à la mi-août suite au décès de son avocat, Me Pierre Gaudreau (Canada).   Un autre accusé qui a témoigné pour sa défense cette semaine est l’ex-magistrat Siméon Nshamihigo, accusé de génocide à Cyangugu. Siméon Nshamihigo, qui plaide non coupable, a déclaré qu’il n’y a pas eu de génocide dans sa région. « Ce n’est pas là mon entendement. Je reconnais néanmoins qu’il y a eu des massacres. Mais de là à affirmer qu’il y a eu un génocide, je ne partage pas une telle opinion », a-t-il indiqué à la fin de son témoignage. Les débats devaient se terminer ce vendredi.   Par ailleurs, l’abbé Emmanuel Rukundo, ancien aumônier militaire, a également poursuivi sa défense durant la semaine. Un témoin à décharge entendu vendredi dans son procès était militaire à Ruhengeri (nord) où il officiait.   Le témoin a déclaré que « c’était un homme de Dieu qui accomplissait ses tâches d’une manière satisfaisante». Rukundo est accusé de génocide et plaide non coupable.   La semaine prochaine verra se poursuivre les procès Butare, Rukundo et Gouvernement II. Une nouvelle session démarrera pour le procès de Simpon Bikindi. Le chanteur commencera à présenter les preuves pour sa défense.   AT/PB/GF   © Agence Hirondelle