02.10.07 - BURUNDI/JUSTICE - DEBAT AU BURUNDI SUR L’OPPORTUNITE DE LA JUSTICE TRANSITIONNELLE

Bujumbura, 2 octobre 2007 (FH) - La mise en place, attendue depuis sept ans, de la Commission Vérité Réconciliation (CVR) et du Tribunal spécial (TS) au Burundi fait actuellement l’objet d’un débat sur fond des tensions politiques qui secouent le pays.

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Lors d'une émission diffusée en direct la semaine dernière par Radio Isanganiro, une station de radio privée, certains auditeurs ont estimé que les deux mécanismes de justice transitionnelle ne sauraient démarrer dans la situation de crise actuelle que traverse le pays, tandis que d'autres n'ont pas partagé cet avis.

« Il est grand temps que la Commission Vérité Réconciliation commence à travailler car des vies innocentes continuent à être perdues sans raison », a souligné M. Appolinaire Gahungu, chargé de l'information à l'Ambassade d'Afrique du Sud et ex porte parole de l'ancien président Pierre Buyoya. «Nous sommes en retard car il faut oublier le passé et penser à l'avenir même si les armes pullulent toujours dans le pays (avec comme conséquence l'insécurité devenue quasi-quotidienne) », a-t-il indiqué. Tenant toujours à coeur la réconciliation des Burundais, M. Gahungu a cité l'Archevêque Anglican Desmond Tutu, alors qu'il présidait la CVR sud africaine durant la période post Apartheid, disant que « pour avoir la paix, il faut savoir pardonner ».

Pour sa part, Jean Kabura de la province de Gitega (centre) pense que « la CVR est en retard car c’est elle qui doit contribuer à l'arrêt de la guerre. » Il estime en effet que les armes détenues par la population civile « seraient inutiles si les gens se réconciliaient ».

D'autres auditeurs ont estimé que la mise sur pied d'une justice transitionnelle devrait être conditionnée par le désarmement total de la population civile, ainsi qu' un accord global de paix entre le gouvernement et le dernier mouvement rebelle, le FNL. « Il faut d'abord que la population (civile) soit désarmée et que les négociations entre le gouvernement et le FNL s'achèvent », a dit Stany Mbazumutima de la province Ngozi (nord). « Je ne vois pas comment la CVR peut travailler sans que ces problèmes aient été résolus », conclut-il.

La CVR et le TS sont les deux mécanismes de justice transitionnelle prévus dans l'Accord d'Arusha (Tanzanie) d'août 2000, qui doivent faire la lumière sur les crimes commis au Burundi depuis l'indépendance en 1962. Ils doivent établir et définir les faits, puis décider ou non d'en poursuivre les auteurs. Les Nations Unies, qui appuient et financent ces deux organes ont bien prévenus que les crimes de génocide et autres crimes graves ne pouvaient pas être amnistiés.

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