Si la défense ne nie pas le massacre de centaines de milliers de personnes (800 000 selon l'ONU), elle porte néanmoins des réserves quant à l'usage du terme génocide. « Il s'agit d'une définition juridique précise, ce procès est le premier du genre au pays et les distinctions sont importantes au regard des accusations », a déclaré à la presse à l'issue de l'audience, Me Cohen, l'un des trois avocats de Désiré Munyaneza. Roméo Dallaire, ancien commandant de la MINUAR, comparaissait au procès en tant que témoins de contexte. Même s'il n'a jamais rencontré M. Munyaneza, l'officier canadien devait permettre d'établir l'existence des faits reprochés à l'accusé (poursuivi pour sept chefs d'accusations: deux de crimes de guerre, deux de crimes contre l'humanité et un de génocide). Or, selon Me Cohen, il n'y aurait pas eu d'extermination systématique des Tutsis par les Hutus, mais plutôt une « attitude défensive » face à « une menace réelle » venant des rebelles Tutsis du FPR. « Le jour avant l'arrivée du général Dallaire au Rwanda, le président élu du Burundi voisin, un Hutu, a été assassiné dans un coup d'État mené par des militaires de la minorité tutsie », a affirmé l'avocat devant la Cour supérieure du Québec. L'ancien commandant des casques bleus au Rwanda a réfuté ces propos, arguant que l'assassinat de 800 000 personnes, surtout des Tutsis, par les Hutus, faisait partie d'un « plan délibéré de nettoyage ethnique ». Poursuivant, il a affirmé que « lorsque des personnes érigent des barrages aux 15 mètres et qu'elles tuent des gens par milliers, ce n'est plus de l'auto-défense ». Lors de l'interrogatoire du général, le juge André Denis lui-même a pris soin de ne pas employer le terme génocide, ou alors, lorsqu'il l'a fait, ce fut avec prudence : « Comment des êtres humains peuvent arriver à faire ça, à faire ce que vous appelez "génocide"? », a demandé le magistrat au général. Le procès Munyaneza est le premier procès pour crime contre l'humanité et crimes de guerre à se tenir au Canada. Il est rendu possible par une loi entrée en vigueur en 2000. Pour beaucoup d'observateurs, l'enjeu dépasse donc la culpabilité, ou non, de l'accusé, mais vise à établir si, au regard de la loi canadienne, il y a bien eu génocide au Rwanda. Prévu pour durer trois jours, le témoignage de Roméo Dallaire s'est finalement achevé mercredi, soit un jour plus tôt. La preuve, débutée le 26 mars, devrait s'achever à la fin du mois, après le témoignage de deux témoins experts: Alison Des Forges, historienne, et André Guichaoua, sociologue. CS/PB/GF © Agence Hirondelle
04.10.07 - RWANDA/CANADA - PROCES MUNYANEZA : LE GENOCIDE RWANDAIS MIS EN DOUTE
Montréal, 3 octobre 2007 (FH) – Lors du contre-interrogatoire du général Dallaire, la défense de Désiré Munyaneza a mis en doute mercredi l'existence d'un génocide au Rwanda, en 1994.
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