24.10.07 - BURUNDI/JUSTICE - LES DEFIS DE LA JUSTICE TRANSITIONNELLE AU BURUNDI

  Bujumbura, 24 octobre 2007 (FH) -  Le président de l’Action catholique contre la torture (ACAT) au Burundi, M. Didace Kanyugu estime que ceux qui vont enquêter sur les crimes commis au Burundi auront notamment la lourde responsabilité d’établir les responsabilités sans tomber dans le piège de la globalisation à la mode dans le pays.   

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« Il faut que les responsabilités des uns et des autres soient établies pour éviter de dire ‘les Hutus nous ont tués’ ou ‘les Tutsis nous ont tués’ et d’être étiquetté tueur ou cause de tous les malheurs pour la simple raison d’appartenir dans l’autre camp », souligne le juriste burundais dans un module de formation sur la Justice transitionnelle- JT (2007) rédigé à l'intention des medias.   « Les Hutus se disent victimes de génocide et de crimes contre l’humanité, les Tutsis de même. Il y a besoin de clarifier l’histoire, de connaître la vérité », poursuit-il.   Selon M. Kanyugu, l’autre défi majeur tient au fait que certaines figures politiques qui ont la lourde responsabilité des graves violations des droits de l’homme auraient toujours un certain pouvoir capable de freiner le fonctionnement de la justice transitionnelle (JT).   Le responsable de l’ACAT relève par ailleurs un autre aspect, la question des victimes, et constate que rien n’a été fait depuis l’indépendance pour les victimes des différentes atrocités que le Burundi a connues.   « Non seulement le fait qu’elles sont victimes n’a jamais été officiellement reconnu, mais encore les bourreaux se moquent d’elles », accuse le juriste. Il émet également des réserves sur la question de l’amnistie, avancée par certains comme outil permettant la réconciliation et le pardon, au détriment de la justice.   Assortis de l’Accord d’Arusha d’août 2000, les mécanismes de JT, a savoir la Commission Vérité Réconciliation (CVR) et le Tribunal spécial (TS) seront une première dans l’histoire du Burundi depuis son indépendance en 1962.   Ces deux mécanismes auront la lourde tache de définir les faits et identifier les auteurs des crimes, puis engager ou non des poursuites judiciaires tout ayant à l’esprit la réconciliation d’un peuple déchiré par plusieurs décennies de violences politiques et ethniques.   GA/PB/GF   © Agence Hirondelle