02.11.07 - TPIR/SYNTHESE HEBDOMADAIRE - LE CHANTEUR BIKINDI, FILS DE GRIOTS, SE DEFEND

  Arusha, 2 novembre 2007 (FH) – La semaine a été marquée au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) par le témoignage du chanteur Simon Bikindi, qui a défendu le message véhiculé par ses chansons et réfuté les allégations selon lesquelles il aurait participé à des massacres pendant le génocide de 1994.  

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Se présentant, sans rougir, comme un fils de griots, Bikindi a indiqué, au début de sa déposition, mercredi, que sa mère, danseuse, chanteuse et conteuse, était de toutes les fêtes. « Elle m’emmenait et m’encourageait à chanter et à danser », a relaté Bikindi, soulignant que son père avait aussi son violon d’Ingres : la cithare rwandaise. C’est grâce à son double talent de musicien et d’acteur de théâtre que Bikindi sera embauché en 1976, au terme de ses études secondaires, au ministère de la Jeunesse, des sports et du mouvement associatif.   Parallèlement à ses activités au ministère, il poursuivra une carrière de chanteur, puisant essentiellement dans les rythmes et chansons traditionnels rwandais. Après avoir évoqué son parcours, il a entamé le premier volet de sa défense proprement dite : l’apologie de trois célèbres chansons présentées par l’accusation comme des incitations au génocide des Tutsis. La chanson Twasezereye ingoma ya cyami (Nous avons dit adieu à la monarchie) a été exécutée pour la première fois en 1987, à l’occasion du 25e anniversaire de l’indépendance tandis que Akabyutso (le Petit réveil) et Impuruza (l’Alerte) ont été composées en 1993.   « Le message commun, c’est le message de la paix, j’invite les Rwandais à lutter pour la paix », s’est défendu Bikindi. Le lendemain, a débuté le deuxième volet du témoignage, l’artiste se disant « écoeuré » par les allégations selon lesquelles il aurait pris part à des massacres dans sa région natale de Gisenyi (nord) pendant le génocide.   En plus de Bikindi, étaient inscrites au programme de la semaine, les affaires Butare, Gouvernement II, Militaires II et Karemera.   Dans le procès « Militaires II », un ancien préfet de Ruhengeri (nord), Basile Nsabumugisha, détenu au Rwanda, a témoigné pour la défense de l’ex- chef d’état-major de l’armée, le général Augustin Bizimungu jugé avec trois autres accusés. Le témoin a réfuté les allégations selon lesquelles le général aurait, lors d’une réunion publique, en mai 1994, au bureau communal  de Mukingo, remercié les miliciens Interahamwe pour les massacres qu’ils venaient de perpétrer. Mukingo est une des 16 communes qui composaient, à l’époque, la préfecture de Ruhengeri.   Dans l’affaire « Butare », du nom de la préfecture d’origine des six inculpés, le conflit d’intérêt quasi permanent qui oppose certains accusés a rebondi mardi, le défense de Shalom Ntabohali demandant à la chambre de limiter les dépositions de trois prochains témoins de l’ex-maire de Ngoma (sud), Joseph Kanyabashi. Certains témoins à décharge Kanyabashi, ancien membre du Parti social démocrate (PSD), mettent parfois en cause non seulement Ntahobali, mais aussi sa mère, l’ex-ministre de la Famille et de la promotion féminine, Pauline Nyiramasuhuko qui venait du parti présidentiel, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND).   Dans le procès « gouvernement II » impliquant quatre ex-ministres, l’ancien chef de la diplomatie rwandaise, Jérôme Bicamumpaka, a poursuivi sa défense.   Le procès des trois dirigeants du MRND n’a pas connu d’audience pendant la semaine pour cause de maladie d’un avocat de la défense.   Ce sont les même procès qui sont programmés pour la semaine prochaine.   ER/PB/GF © Agence Hirondelle