28.02.08 - TPIR/ITALIE - LE CONDAMNE BELGO-ITALIEN GEORGES RUGGIU S'ENVOLE POUR ROME

Arusha, 28 février 2008 (FH) - L'Italo-belge Georges Ruggiu, 51 ans, condamné à 12 ans de prison par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) s'est envolé jeudi pour l'Italie où il va purger le reste de sa peine en vertu d'un accord entre Rome et les Nations Unies, a-t-on appris le même jour de source officielle au TPIR.

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Seul non-Rwandais inculpé par le TPIR, Ruggiu « a été remis aujourd'hui (jeudi) à une délégation du ministère italien de l'Intérieur », indique le tribunal dans un communiqué. Il a été ensuite embarqué à bord d' un vol spécial de l'armée de l'air italienne, poursuit ce texte. Des policiers italiens étaient arrivés à Arusha au début de la semaine pour le prendre en charge. Il lui reste 17 mois de prison à effectuer.

Ruggiu était, pendant le génocide de 1994, présentateur à la Radio-télévision libre des mille collines (RTLM). Personnage sans grande envergure, il avait lors de son procès, puis de son témoignage en faveur de l'accusation lors du procès Médias, expliqué qu'il était arrivé "par hasard" à la RTLM aprés avoir connu à Bruxelles des extrémistes rwandais hutus. Dans des enregistrements d'émission de la RTLM, il appelle clairement au "travail" sur les barrages routiers. Lors du génocide, les barrages étaient tenus par des miliciens qui arrêtaient les tutsis et les massacraient, ce qui était alors surnommé le "travail".

Né le 12 octobre 1957 à Verviers, en Belgique, il avait également la nationalité italienne. Arrêté le 23 juillet 1997 à Mombasa, au Kenya, aprés avoir été dénoncé par un de ses anciens compagnons, il a été condamné le 1er juin 2000, après avoir plaidé coupable d'incitation directe et publique à commettre le génocide et de persécution. Il a été condamné pour ses émissions à la RTLM.

Depuis ce jugement, il résidait au centre de détention du TPIR à Arusha, en Tanzanie. Isolé des autres détenus, il était employé à laver les voitures du personnel de la prison, en attendant la désignation du pays où il exécuterait sa peine.

Dans une ordonnance datée du 13 février, le président du TPIR, le juge Dennis Byron, a accepté que Ruggiu soit transféré dans une prison italienne où «la peine sera exécutée conformément à la loi italienne et sous la supervision du tribunal ». Le texte ne dit pas si Ruggiu peut envisager une remise de peine après avoir effectué la quasi totalité de sa condamnation. Jusqu'à présent les demandes de libération conditionnelles ont toutes été refusées par le TPIR.

Le 17 mars 2004, le gouvernement italien a signé avec les Nations Unies un accord en vertu duquel des condamnés du TPIR peuvent purger leurs peines dans des prisons italiennes.

Le 4 octobre 2007, la cour d'appel de Rome a donné son feu vert à l'exécution en Italie de la peine infligée à Ruggiu. Cinq autres pays ont signé l'accord sur l'exécution des peines : le Mali, le Bénin, le Swaziland, la France et la Suède.

Selon le statut du tribunal, "les peines d'emprisonnement sont exécutées au Rwanda ou dans un état désigné par le tribunal sur la liste des états qui ont fait savoir au Conseil de sécurité qu'ils étaient disposés à recevoir des condamnés".

Le Mali héberge depuis décembre 2001 six condamnés. Malgré les demandes pressantes de Kigali et la préparation d'une prison spéciale, aucun condamné du TPIR n'a encore été envoyé exécuter sa peine au Rwanda. Les condamnés ont a plusieurs reprises manifesté leur inquiétude à l'idée d'être transférés dans leur pays d'origine.

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