L'archevêque salvadorien Oscar Romero et Paul VI canonisés le 14 octobre à Rome

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L'archevêque salvadorien Oscar Romero, grand défenseur des pauvres devenu une véritable légende en Amérique latine, ainsi que le pape Paul VI (1962-1980) seront canonisés le 14 octobre, à la basilique Saint-Pierre de Rome, a annoncé samedi le pape François.

La canonisation se tiendra durant le synode (réunion d'évêques) consacré aux jeunes en octobre au Vatican, a ainsi indiqué le pape François qui participait samedi à une réunion consacrée à la cause des saints.

Décrit comme un homme simple et proche du peuple, Oscar Romero, né en 1917, avait pris la défense des paysans sans terre, suscitant ainsi la colère des milieux les plus conservateurs du Salvador: il avait été assassiné en pleine messe le 24 mars 1980.

Adepte de la théologie de la libération et surnommé "la voix des sans voix" pour son dévouement envers la cause des plus démunis, Mgr Romero a été tué d'une balle dans le coeur par un commando d'extrême droite, au début de la guerre civile (1980-1992). Ce conflit fit 75.000 morts et au moins 7.000 disparus, paralysa l'économie et obligea 3 millions de Salvadoriens à émigrer.

L'assassinat avait été commandité par le défunt fondateur de l'Alliance républicaine nationaliste (ARENA), Roberto d'Aubuisson, selon un rapport de la "commission de la vérité" publié par l'Onu.

Les milieux conservateurs ont longtemps bloqué toute reconnaissance officielle de l'Eglise envers l'archevêque des pauvres, mais deux ans après l'élection de François, premier pape d'Amérique latine, le Vatican a reconnu son "martyr", ouvrant la voie à sa béatification en mai 2015 devant plus de 200.000 fidèles à San Salvador.

Des délégations de 57 pays et quatre présidents latino-américains avaient assisté à sa béatification. Cette reconnaissance avait été vécue comme une fête dans le petit pays d'Amérique centrale, où le message d'Oscar Romero reste d'une grande actualité, près de 30% des Salvadoriens vivant sous le seuil de pauvreté.

Le pape argentin François a exprimé à plusieurs reprises sa proximité avec ce prélat plutôt conservateur mais qui défendait les plus pauvres, notant même qu'il avait été "diffamé", "traîné dans la boue", "lapidé" par certains évêques et prêtres latino-américains, avant et après sa mort. L'archevêque avait été accusé d'être un" déséquilibré" et "un marxiste".

Le pape Paul VI, né Giovanni Battista Montini en 1897, a achevé durant son pontificat le concile Vatican II lancé par son prédécesseur Jean XXIII. Il avait été béatifié en octobre 2014.

Selon le site spécialisé Vatican Insider, le miracle qui permet la canonisation du pape italien concerne une petite fille née très prématurément le 25 décembre 2014 alors que les médecins avaient conseillé un avortement thérapeutique. Paul VI a été critiqué pour son "non" en 1968 à la pilule contraceptive.

Le pape François a déjà canonisé Jean XXIII (1958-1963) et Jean Paul II (1978-2005). Alors que la procédure en béatification de Jean Paul Ier, mort 33 jours après son élection en 1978, est en cours, Jorge Bergoglio a plaisanté en février en affirmant que Benoît XVI et lui-même étaient sur la "liste d'attente".

Avec la canonisation, aboutissement d'un long processus, l'Eglise catholique veut donner en exemple aux chrétiens des personnes qu'elle déclare "saintes" à l'issue d'une enquête minutieuse comprenant la reconnaissance de miracles.