Un Belge soupçonné de trafic de diamants en Sierra Leone inculpé de crime contre l'humanité

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Un homme d'affaires belgo-américain accusé de trafic de diamants et d'esclavage pendant la guerre civile au Sierra Leone, récemment arrêté en Espagne, a été extradé vers la Belgique, où il a été inculpé de "crime de guerre" et "crime contre l'humanité", a indiqué vendredi le parquet fédéral belge.

Michel Desaedeleer, 64 ans, avait été interpellé fin août à l'aéroport de Malaga (sud de l'Espagne), alors qu'il s'apprêtait à partir aux Etats-Unis, où il réside.

Il a été transféré en Belgique mardi, où il a été inculpé et placé en détention préventive, a précisé un porte-parole du parquet fédéral belge, Jean-Pascal Thoreau.

Les faits imputés à ce stade à l'homme d'affaires, qui pourrait être jugé par une cour d'assises à l'issue de l'enquête, remontent à la période allant de "décembre 1999 à janvier 2000", a détaillé le porte-parole.

"Il est soupçonné d'avoir cherché des lieux d'extraction de diamants, d'avoir forcé des gens à travailler, d'avoir sorti des pierres précieuses et de les avoir injectée dans le circuit commercial", expliqué M. Thoreau.

"Les rebelles voyaient dans l'extraction des diamants un moyen de financer leur guérilla. Desaedeleer, lui, y voyait un intérêt purement économique", a-t-il ajouté.

La Belgique le recherchait depuis une plainte déposée contre lui à Bruxelles en 2011 par cinq anciens forçats des mines de diamants au Sierra Leone.

Ces diamants ont financé la guerre civile qui a ensanglanté ce pays d'Afrique de l'ouest de 1991 à 2002.

"C'est la toute première fois qu'un homme d'affaires est arrêté pour son implication dans les deux crimes internationaux de pillage de 'diamants de sang' et d'esclavage de civils", avait souligné fin août l'ONG suisse Civitas Maxima.

Le nom de M. Desaedeleer avait été mentionné dès 2000 dans un rapport de l'ONU sur le trafic de diamants au Sierra Leone.

Il indique que l'homme d'affaires belge avait signé en 1999 un accord avec le RUF (Front Révolutionnaire Uni), dirigé par Foday Sankoh, lui permettant d'exploiter les mines sierra-léonaises et de revendre les diamants à l'étranger --à Anvers notamment-- en les faisant transiter par Monrovia, au Libéria.

En 2000, M. Desaedeleer avait insisté dans la presse sur la légalité de ce contrat.