Varsovie proteste après le refus de la Suède d'extrader un juge de l'époque stalinienne

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La Pologne a convoqué mardi l'ambassadeur de Suède pour protester contre un nouveau refus de ce pays d'extrader un juge de l'époque stalinienne, Stefan Michnik, qui avait prononcé les condamnations à mort de plusieurs opposants au régime communiste.

"J'ai fait part de notre indignation à l'ambassadeur à la suite du refus d'extrader Stefan Michnik", décidé par un tribunal suédois début février, a déclaré à la presse le vice-ministre polonais des Affaires étrangères Szymon Szynkowski vel Sek.

La Pologne réclame depuis plusieurs années l'extradition de l'ancien juge, âgé de 90 ans, qui vit depuis la fin des années 1960 en Suède. Elle accuse M. Michnik d'avoir commis une trentaine de crimes, dont les condamnations à mort d'opposants au régime communiste dans les années 1950 "en se basant sur des preuves fabriquées".

Tous les opposants condamnés par cet homme ont été réhabilités après le "dégel" khrouchtchévien en 1956.

Le tribunal suédois ayant refusé d'extrader M. Michnik estime que les faits qui lui sont reprochés sont prescrits et souligne qu'il est devenu citoyen suédois, mais selon Varsovie, il s'agit de crimes contre l'humanité, par essence imprescriptibles.

"Les arguments selon lesquels il s'agit de questions oubliées, prescrites, présentés par la partie suédoise, sont inacceptables pour nous. La réaction doit donc être ferme", a souligné le vice-ministre polonais.

"Nous avons exprimé l'espoir que la Suède, en tant que pays condamnant les crimes contre l'Humanité, extraderait Stefan Michnik ou engagerait d'autres démarches prévues par la loi destinées à juger ses actes", a-t-il ajouté.

Le tribunal d'Uppsala (sud) avait déjà refusé une demande polonaise d'extrader le juge en 2010, mettant en avant, tout comme aujourd'hui, la prescription de ses actes et sa nationalité suédoise.

Selon l'agence PAP, les preuves apportées cette fois-ci contre l'ancien juge sont bien plus importantes qu'à l'époque.

Stefan Michnik est le demi-frère de l'historien Adam Michnik, un ancien dissident directeur du principal quotidien polonais, Gazeta Wyborcza, et l'un des maîtres à penser de l'opposition aux conservateurs au pouvoir à Varsovie.