Serbie: congrès du parti de Seselj sur les lieux de son crime

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L'ultranationaliste serbe Vojislav Seselj a été réélu à la tête de son Parti radical réuni samedi en congrès dans le village où il avait prononcé un discours en 1992 qui lui a valu, en avril 2018, d'être condamné pour crimes contre l'humanité.

Le congrès s'est déroulé sous une tente, dans le jardin de la maison que Vojislav Seselj avait achetée en mai dernier dans le village de Hrtkovci (ouest de la Serbie), a rapporté la chaine de télévision privée N1.

Au dixième congrès du Parti radical serbe (SRS, opposition d'extrême droite), il était le seul candidat à sa succession.

Outre un usage privé, sa maison à Hrtkovci fait office également de représentation locale pour son parti.

La tenue de ce congrès n'a pas été interdite par les autorités, en dépit d'appels de plusieurs organisations non gouvernementales qui y voient une provocation envers la minorité croate résidant dans ce village, situé à 70 km à l'ouest de Belgrade.

La présidente de la Croatie Kolinda Grabar Kitarovic a condamné la tenue de ce congrès à Hrtkovci, notant que "des dizaines de milliers de Croates de Voïvodine (province du nord de la Serbie) ont été chassés en raison des activités du criminel de guerre Vojislav Seselj".

"Il est décevant que l'Etat serbe en 2019 laisse se réunir ces mêmes personnes à Hrtkovci, symbole des souffrances des Croates en Voïvodine", a-t-elle écrit sur son compte Twitter.

Le 11 avril 2018, la justice internationale avait condamné Seselj pour un discours très hostile aux Croates prononcé à Hrtkovci en 1992. L'ultranationaliste s'y adressait à ses "frères et soeurs serbes", en affirmant qu'il n'y avait "pas de place pour les Croates" dans cette localité.

Cette condamnation à 10 ans de prison était intervenue en appel, Seselj ayant été acquitté en première instance en mars 2016.

De par "son influence sur la foule", Vojislav "Seselj a contribué de manière substantielle au comportement de ceux qui ont perpétré" différents crimes par la suite, a finalement tranché la justice internationale.

Il était toutefois resté libre car la peine était couverte par la période de détention déjà effectuée, soit près de 12 ans de prison à La Haye (Pays-Bas) entre février 2003 et novembre 2014. Il avait été libéré pour raisons de santé en 2016.

A 64 ans, député au parlement serbe, Vojislav Seselj reste un partisan virulent de la "Grande Serbie", mais son influence politique s'est considérablement amoindrie.

Le 6 mai 2018, la police serbe l'avait empêché de manifester avec ses partisans à Hrtkovci.