Colombie: l'ex-président Samper regrette d'avoir permis les fumigations au glyphosate

1 min 37Temps de lecture approximatif

L'ancien président colombien Ernesto Samper a déclaré qu'il "regrette" d'avoir autorisé durant son mandat les fumigations des narco-plantations au glyphosate, mercredi lors de sa comparution devant la Commission de la vérité, issue de l'accord de paix avec l'ex-guérilla Farc.

"Nous considérions que la fumigation pouvait faire partie d'une politique d'intervention. Aujourd'hui, je regrette de l'avoir pensé", a déclaré M. Samper (1994-98), qui est le premier chef de l'Etat à comparaître volontaire devant cette commission, créée pour faire la lumière sur les violences commises pendant plus de 50 ans de confrontation armée.

Les déclarations de M. Samper surviennent en pleine polémique suscitée par la volonté du gouvernement actuel du président de droite dure Ivan Duque de reprendre les fumigations avec cet herbicide considéré comme cancérigène, afin de lutter contre une hausse record des narco-plantations.

L'ex-président doit être entendu lors de plusieurs sessions de la commissions consacrées au trafic de drogue, à l'expansion des acteurs du conflit armé, aux politiques de sécurité, aux discussions préliminaires avec la guérilla de l'Armée de libération nationale (ELN), durant son mandat.

La Commission de la vérité, qui n'a pas de pouvoir judiciaire, fait partie du Système intégral de vérité, justice, réparation et non répétition créé par l'accord de paix signé le 24 novembre 2016 entre le gouvernement du président et prix Nobel de la Paix Juan Manuel Santos (2010-2018) et la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

Ce système comprend aussi l'Unité de recherche des disparus ainsi que la Juridiction spéciale pour la paix (JEP), chargée de juger militaires et ex-rebelles pour les crimes graves commis pendant le conflit entre l'Etat et l'ex-rébellion marxiste.

Mis en cause pour avoir reçu de l'argent de narco-trafiquants afin de financer sa campagne électorale, M. Samper a abordé le problème des stupéfiants durant cette première session.

La Colombie produit près de 70% de la cocaïne qui circule dans le monde et les Etats-Unis en sont le premier consommateur. En 2017, la superficie occupée par les narco-plantations a atteint le chiffre record de 171.000 hectares, selon l'ONU.

Bien que l'accord de paix ait contribué à en diminuer l'intensité, la Colombie reste déchirée par une guerre fratricide qui, au fil des décennies, a vu s'affronter une trentaine de guérillas, des paramilitaires et les forces de l'ordre, faisant plus de huit millions de victimes (morts, disparus et déplacés).