Venezuela: l'ex-procureure presse la CPI d'enquêter sur Maduro

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L'ex-procureure générale du Venezuela Luisa Ortega a pressé jeudi la Cour pénale internationale (CPI) de lancer une enquête sur des crimes présumés de meurtre et de torture commis par les dirigeants de ce pays en crise.

Le président "Nicolas Maduro et son gouvernement doivent payer pour cela, pour ces crimes contre l'humanité", soit des faits présumés "de meurtre, de torture, d'emprisonnement, ainsi qu'une attaque systématique et généralisée contre la population civile", a déclaré Luisa Ortega après avoir remis son dossier au bureau de la procureure de la Cour basée à La Haye.

Élu en 2013, Nicolas Maduro est confronté à une grave crise politique sur fond de naufrage économique alors que le pays est la cible de sanctions américaines et européennes. Une vague de manifestations pour exiger son départ a fait 125 morts au printemps et l'opposition dénonce une "dictature".

Relevée de ses fonctions en août par le pouvoir socialiste, Mme Ortega a fui le Venezuela, où elle se considérait victime d'une "persécution politique", et a trouvé refuge en Colombie mi-août.

Alors que Caracas a annoncé le prochain lancement d'un mandat d'arrêt international à son encontre, elle s'est récemment rendue au Brésil et au Costa Rica pour présenter ce qu'elle dit être des preuves à charge contre M. Maduro et chercher des soutiens.

Le président et le gouvernement "doivent payer pour la faim, la misère, les difficultés auxquelles est soumis le peuple du Venezuela", a insisté l'ex-procureure.

Elle a accusé les forces de l'ordre d'avoir tué plus de 8.000 personnes entre 2015 et juin 2017 et a dénoncé "plus de 17.000 détentions arbitraires, des centaines de cas de torture". Elle a également pointé du doigt le ministre de la Défense Vladimir Padrino Lopez et le ministre de l'Intérieur et de la Justice Nestor Reverol.

Son dossier contient plus de mille éléments de preuves qu'elle a collectées depuis 2015, à savoir des expertises, des rapports médico-légaux et psychologiques ainsi que des entretiens.

"Nous nous sommes vus dans la nécessité de recourir à cette instance internationale dans la mesure où, au Venezuela, il n'y a pas de justice", a-t-elle souligné.

Le Venezuela a ratifié le Statut de Rome, traité fondateur de la CPI, ce qui signifie qu'en théorie la procureure Fatou Bensouda est compétente pour enquêter sur de telles accusations.