Répression de 1990: l'ex-président roumain Ion Iliescu de nouveau inculpé

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L'ancien président roumain Ion Iliescu a été de nouveau inculpé pour crimes contre l'humanité pour son rôle dans la répression d'une manifestation qui avait fait quatre morts à Bucarest en 1990, a annoncé le parquet général vendredi.

L'affaire, révélatrice des défaillances de la justice en Roumanie selon les proches des victimes du soulèvement anticommuniste, traîne depuis deux décennies.

Aujourd'hui âgé de 94 ans, l'ex-dirigeant avait été renvoyé devant le tribunal en 2017, mais les poursuites avaient été annulées pour vice de procédure.

L'enquête a été rouverte, les procureurs militaires chargés du dossier ordonnant la reprise "des poursuites judiciaires pour crimes contre l'humanité".

Ion Iliescu, qui risque en théorie 25 ans de prison, en a été informé vendredi à son domicile de Bucarest.

Il a par le passé assuré à plusieurs reprises n'avoir "rien à (se) reprocher", qualifiant les accusations "d'aberration".

En juin 1990, les autorités avaient lancé une violente attaque contre des manifestants protestant pacifiquement.

Des milliers de mineurs avaient alors déferlé sur Bucarest pour prêter main forte à la police, à l'appel du nouveau président du pays, Ion Iliescu, qui les avait ensuite remerciés pour leur "sens civique élevé".

Au total, quatre personnes ont été tuées par balles, deux victimes de viol, plus de 1.300 blessées et quelque 1.200 "privées de liberté pour des raisons politiques", d'après le parquet.

L'ancien Premier ministre Petre Roman et le chef du renseignement de l'époque Virgil Magureanu figurent parmi les autres personnes poursuivies.

M. Iliescu, qui a dirigé la Roumanie à deux reprises, de 1990 à 1996 puis de 2000 à 2004, avait été initialement mis en examen dans cette affaire en 2005.

L'instruction a été relancée en mars 2015 après la condamnation de Bucarest par la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), qui avait pointé une enquête "lacunaire et déficiente".

La ministre de la justice, Alina Gorghiu, a déploré jeudi les lenteurs "du système judiciaire" et promis "d'honorer l'obligation qu'a l'Etat envers la société roumaine".

Dans une autre affaire, Ion Iliescu est jugé pour sa responsabilité dans les tirs ayant fait des centaines de morts dans les jours qui ont suivi la fuite de l'ancien dictateur Nicolae Ceausescu en décembre 1989, sur fond de manifestations anticommunistes massives.

Teodor Maries, président de l'Association 21 décembre, qui se bat pour que les coupables soient jugés, a dénoncé les "atermoiements" des autorités au fil des ans, tout en voyant "une lueur d'espoir" dans la décision du parquet de ne pas classer le dossier.