Procès syrien à Berlin : la prison à vie pour un milicien

Moafak D. a bien tiré au lance grenade sur une foule de civils du camp de Yarmouk, près de Damas, a confirmé ce jeudi 23 février le tribunal de Berlin, qui le condamne à la prison à vie. C’est le troisième procès pour crimes de guerre liés au régime du président syrien Bachar al-Assad à se tenir en Allemagne, de façon de plus en plus discrète.

Procès syrien pour crimes de guerre en Allemagne
Le tribunal de Berlin, en Allemagne, qui a condamné ce jeudi l’ancien milicien syrien Moafak D. (que l’on aperçoit à droite derrière ses avocats) est le premier à traiter à travers son procès des pratiques du régime de Bachar al-Assad consistant à assiéger et à affamer des populations civiles. © Hannah El-Hitami
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Un homme apatride, membre d'une milice syrienne, a été condamné jeudi à Berlin à la prison à vie pour crimes de guerre et la mort en 2014 d'au moins quatre civils dans le camp de réfugiés de Yarmouk.

Agé de 55 ans, Moafak D. a été reconnu coupable par le tribunal de grande instance de Berlin d'un quadruple meurtre et d'une double tentative de meurtre.

Membre d'une milice gouvernementale, l'accusé a tiré le 23 mars 2014 dans la banlieue de Damas, selon le tribunal, une grenade à l'aide d'une arme antichar dans une foule qui attendait des vivres.

Ses avocats avaient plaidé l'acquittement, assurant que l'accusé n'était pas sur les lieux des faits ce jour-là.

Selon le jugement, tout porte à croire qu'il y a eu "nettement plus" de morts et de blessés que les quatre décès et deux blessés graves finalement retenus par le tribunal. Les faits se sont déroulés dans camp de réfugiés de Yarmouk, dans la banlieue de la capitale syrienne, accueillant à l'origine des Palestiniens.

Des milices à la solde de Bachar al-Assad y ont pris pied entre 2013 et 2015 et bouclé le quartier, privant en partie les habitants de nourriture, d'eau et de soins médicaux.

L'accusé était membre de l'une de ces milices, le Free Palestine Movement (FPM) et assurait le jour des faits la surveillance d'un checkpoint pour contrôler la distribution de nourriture par une organisation humanitaire.

Il aurait tiré dans la foule pour "se venger et punir les habitants sans défense du quartier", selon la juge Delia Neumann, qui a présidé l'audience. Il était "encore en colère" après la mort deux jours plus tôt de son neveu, probablement tué par l'Armée syrienne libre (ASL), selon l'accusation.

L'accusé est arrivé en 2018 dans le cadre d'un regroupement familial en Allemagne, où il a été interpellé plus tard.

Il a été jugé en Allemagne en vertu du principe de compétence universelle en matière de crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

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