Au moins 17 personnes dans les rangs des forces gouvernementales et de leurs alliés - locaux et étrangers - ont été tuées mercredi dans des combats contre les rebelles du M23 dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), a appris l'AFP samedi de source sécuritaire.
La province du Nord-Kivu est le théâtre depuis plus de deux ans d'une rébellion menée par le "Mouvement du 23 mars" (M23) qui, avec le soutien d'unités de l'armée rwandaise, s'est emparée de vastes pans de territoire.
Les forces armées de la RDC (FARDC), alliées de leur côté à des groupes armés dits "patriotes" ("wazalendo") et à deux sociétés militaires privées étrangères (Agemira et Congo Protection), tentent de reprendre les zones occupées.
Une intensification des combats est constatée depuis le début de la semaine, poussant des milliers de civils paniqués à fuir Sake, cité considérée comme stratégique sur la route de Goma, pour échapper aux bombardements.
Selon un rapport interne des Forces armées congolaises, authentifié samedi par l'AFP, "au moins deux personnels d'une société militaire privée dirigée par le Roumain Horatiu Potra ont été tués mercredi au cours des affrontements autour de Sake et six autres ont été blessés".
Du côté FARDC, "au moins 13 morts et 15 blessés" ont été enregistrés le même jour, et "deux morts" côté groupes armés supplétifs. "Un militaire de la Force de la SADC (Communauté économique des Etats d'Afrique australe) a également été blessé", selon ce rapport.
Ce bilan est apparemment largement sous-évalué, indique le document.
Mercredi, des ambulances de l'armée faisaient des va-et-vient entre Goma et les lignes de front, transportant des blessés, avait constaté une équipe de l'AFP.
Vendredi, un journaliste de l'agence a pu voir des dizaines des militaires et d'autres hommes armés blessés à l'hôpital de Ndosho à Goma, où tous les lits sont occupés.
Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), l'hôpital qu'il soutient à Goma a reçu pour la seule journée de mercredi 58 blessés par arme, dont 31 civils.
- Des véhicules des ambassades attaqués -
Samedi, la situation était encore tendue à Mweso, dans le territoire de Masisi, selon des habitants joints au téléphone depuis Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu.
L'est de la RDC est en proie à des violences depuis près trois décennies.
Par ailleurs, cette semaine à Kinshasa (ouest), quelques dizaines de personnes ont manifesté devant plusieurs ambassades contre un supposé soutien apporté au Rwanda par les pays occidentaux.
Samedi soir, Bintou Keita, cheffe de la Mission des Nations unies en RDC (Monusco), a dénoncé des attaques contre la mission onusienne dans la capitale congolaise.
"Je condamne fermement la série d'attaques visant le personnel de la Monusco à Kinshasa ce samedi 10 février. Plusieurs de nos véhicules ont été incendiés", a-t-elle déclaré dans un message posté sur X.
"Affaiblir la Monusco, c'est renforcer les forces négatives qu'elle combat avec ses partenaires congolais" de l'armée et de la police, a ajouté Mme Keita.
La diplomate a rappelé que "les violences contre le personnel de la Monusco peuvent constituer un crime de guerre".
De son côté, l'ambassade de Côte d'Ivoire à Kinshasa a indiqué que depuis ce samedi à Kinshasa, "des personnes s'attaquent aux véhicules des ambassades et organisations internationales accréditées en RDC, sans distinction aucune".
Ainsi, l'un de ses véhicules "a été sérieusement saccagé", dans la commune huppé de la Gombe, où la majorité des représentations diplomatiques sont installées.