"Augmentation exponentielle" des violations des droits humains au Nicaragua (experts ONU)

1 min 43Temps de lecture approximatif

Un groupe d'experts des Nations unies a accusé le gouvernement nicaraguayen d'une "augmentation exponentielle" des violations des droits humains au Nicaragua en 2023, lors de la présentation jeudi d'un rapport appelant à des sanctions internationales plus sévères contre Managua.

Le rapport du Groupe des droits de l'Homme sur le Nicaragua affirme que le gouvernement du président Daniel Ortega commet des "abus et des crimes" pour "éliminer toutes les voix critiques et dissuader, à long terme, toute nouvelle organisation et initiative de mobilisation sociale".

"Le gouvernement du Nicaragua continue de perpétrer de graves violations systématiques des droits de l'Homme, assimilables à des crimes contre l'humanité, pour des raisons politiques", indique le rapport, réitérant les critiques présentées l'an passé.

Toutefois, "la situation s'est aggravée" au cours de l'année écoulée en raison de la "consolidation et de la centralisation de tous les pouvoirs et institutions de l'Etat", en particulier du pouvoir judiciaire, entre les mains d'Ortega et de son épouse et vice-présidente, Rosario Murillo, est-il ajouté.

Ces derniers "doivent rendre des comptes à la communauté internationale", a déclaré le président du groupe d'experts, Jan Simon.

Le Groupe d'experts est un organe indépendant mandaté par le Conseil des droits de l'Homme des Nations unies. Créé en mars 2022, il est chargé de mener des enquêtes approfondies sur les abus commis au Nicaragua depuis avril 2018, lorsque des manifestations contre le gouvernement Ortega ont été réprimées dans le sang, faisant 355 morts et des centaines de personnes emprisonnées.

Le 9 février 2023, le gouvernement Ortega a libéré 222 prisonniers politiques expulsés vers les Etats-Unis et déchus de leur nationalité, accusés d'être des "traîtres à la patrie".

Une semaine plus tard, 94 dissidents en exil ont également été déchus de leur nationalité. L'évêque Rolando Alvarez, longuement emprisonné, a été libéré en janvier et renvoyé à Rome en vertu d'un accord avec le Vatican.

Quelque 3.500 ONG, souvent en lien avec l'église ou comme la Croix-Rouge, ont été fermées au Nicaragua depuis 2018 et leurs biens confisqués par l'Etat.

"La centralisation du pouvoir ne garantit pas seulement l'impunité des auteurs, mais elle sape également les efforts déployés pour que les responsables rendent compte de leurs actes", a déclaré l'experte Ariela Peralta.

Daniel Ortega, 78 ans, au pouvoir depuis 2007 et réélu à plusieurs reprises lors d'élections contestées, est confronté à une vague de condamnations de la part de la communauté internationale en raison de sa dérive autoritaire.

Toutefois, le groupe a exhorté la communauté internationale à "prendre des mesures immédiates, notamment en renforçant les sanctions à l'encontre des personnes et des institutions impliquées dans les violations des droits de l'homme".

Le gouvernement de Managua a dénoncé "la crédibilité" du rapport.

"Nous n'accepterons pas que ces experts en droits de l'Homme autoproclamés émettent un jugement irréel et irrationnel sur la réalité du peuple nicaraguayen par le biais de leurs rapports unilatéraux et partiaux", a déclaré Wendy Morales, procureure général du Nicaragua, selon le site officiel El 19 Digital.