Blinken décidé à arracher "maintenant" un accord de trêve entre Israël et le Hamas

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Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'est dit mercredi déterminé à arracher dès "maintenant" un accord de trêve entre Israël et le Hamas associée à une libération d'otages, appelant le mouvement islamiste palestinien à accepter la dernière proposition en date.

Au septième mois de guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre contre Israël, les bombardements aériens israéliens ont fait au moins 33 morts en 24 heures, a annoncé mercredi le ministère de la Santé du Hamas.

Le Hamas n'a pas encore donné sa réponse à une proposition prévoyant une trêve pendant 40 jours ainsi que l'échange d'otages enlevés le 7 octobre et emmenés à Gaza contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël.

D'après un responsable israélien, Israël attendra jusqu'à "mercredi soir" une réponse du Hamas avant de décider s'il enverra une délégation au Caire en vue d'un possible accord.

Après une rencontre lundi, dans la capitale égyptienne, entre une délégation du Hamas et les médiateurs égyptien et qatari, le mouvement islamiste a dit étudier la proposition avant de faire connaître sa réponse.

Le Hamas répondra "dans très peu de temps", a assuré mercredi à l'AFP un de ses dirigeants, soulignant que le mouvement exigeait toujours un cessez-le-feu permanent et le retrait d'Israël de la bande de Gaza.

"Même en ces temps difficiles, nous sommes déterminés à obtenir un cessez-le-feu ramenant les otages chez eux et à l'obtenir maintenant. Et la seule raison pour laquelle cela ne se ferait pas, c'est le Hamas", a dit M. Blinken en rencontrant à Tel-Aviv le président israélien Isaac Herzog.

- "Le Hamas doit dire oui" -

M. Blinken, pour qui la nouvelle proposition est "extraordinairement généreuse de la part d'Israël", a ensuite lancé à Tel-Aviv, devant des manifestants israéliens hostiles à la guerre: "le Hamas doit dire oui".

Fin novembre, une trêve d'une semaine avait permis la libération de 105 otages, dont 80 Israéliens et binationaux échangés contre 240 Palestiniens détenus par Israël.

Le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, réclame en premier lieu un cessez-le-feu "permanent" avant tout accord. Israël refuse, se disant déterminé à poursuivre l'offensive jusqu'à la "victoire totale" sur le mouvement islamiste, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

L'experte Mairav Zonszein, du groupe de réflexion International Crisis Group, a déclaré à l'AFP qu'elle était "pessimiste quant à l'option selon laquelle le Hamas accepterait un accord qui ne comporterait pas de cessez-le-feu permanent".

A Jérusalem, M. Blinken, qui poursuit sa septième mission au Moyen-Orient depuis le début de la guerre, a réitéré durant un entretien avec le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, l'opposition américaine à une offensive sur la ville Rafah, dans le sud du territoire palestinien.

Mardi, M. Netanyahu a répété qu'il était déterminé à mener une offensive terrestre sur cette ville, qu'il considère comme le dernier grand bastion du Hamas, où s'entassent environ un million et demi de Palestiniens, en grande majorité des déplacés.

"L'idée d'arrêter la guerre avant d'avoir atteint tous nos objectifs est hors de question. Nous allons entrer dans Rafah et y éliminer les bataillons du Hamas, avec ou sans accord" de trêve, a-t-il dit.

- Combats et bombardements à Gaza -

La guerre a éclaté le 7 octobre, quand des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza dans le sud d'Israël ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas et son armée a lancé une offensive aérienne puis terrestre dans le territoire assiégé, qui a fait jusqu'à présent 34.568 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Mercredi avant l'aube, l'armée de l'air israélienne a mené plusieurs frappes dans le nord et le centre de la bande de Gaza, dont le camp de réfugiés de Nousseirat où des témoins ont fait état d'affrontements entre combattants palestiniens et soldats israéliens.

Alors que la guerre a provoqué un "enfer humanitaire" à Gaza, selon le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, les familles déplacées à Rafah subissent à présent, après le froid de l'hiver, la chaleur qui monte, installées sans eau courante dans des abris précaires, menacées par la propagation des maladies.

L'aide internationale, strictement contrôlée par Israël, arrive au compte-gouttes principalement depuis l'Egypte via Rafah, mais reste très insuffisante face aux immenses besoins des 2,4 millions de Gazaouis.

Les Etats-Unis, qui font pression sur Israël pour qu'il facilite l'entrée de l'aide par la route, construisent un port flottant face au littoral de Gaza, pour accueillir des cargaisons d'aide qui seront acheminées par bateau depuis Chypre.

Suite aux pressions du président américain Joe Biden, Israël a en outre ouvert le passage d'Erez, donnant accès au nord de la bande de Gaza pour l'aide venant de Jordanie.

Après des déclarations de responsables israéliens au New York Times disant s'attendre à ce que la Cour pénale internationale (CPI) délivre des mandats d'arrêt contre des dirigeants israéliens pour leur conduite de la guerre à Gaza, le président Herzog a estimé qu'une éventuelle inculpation représenterait "un danger pour les démocraties".

Selon le quotidien américain, la CPI envisage aussi d'inculper des dirigeants du Hamas.

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