Syrie: les évacuations de zones assiégées

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Plusieurs opérations d'évacuation ont été organisées en Syrie, notamment pour des bastions rebelles bombardés et étouffés par un long siège imposé par le régime pour faire plier les insurgés.

Déclenché en 2011 avec la répression par le régime de manifestations pacifiques, le conflit a fait plus de 350.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

Le régime de Bachar al-Assad mise sur ce qu'il appelle des accords dits de "réconciliation", qui se traduisent par l'évacuation des combattants et de leurs proches, en général vers la province d'Idleb (nord-ouest), en échange de la fin des bombardements et sièges.

En novembre 2017, Amnesty International a estimé dans un rapport intitulé "Partir ou mourir" que les déplacements forcés de populations au titre de ces accords s'apparentaient à un crime contre l'humanité.

- Homs -

En mai 2014, des rebelles quittent leur fief dans la vieille ville de Homs (centre), autrefois surnommée "capitale de la révolution", après un siège de deux ans, et des bombardements et combats qui ont dévasté ce secteur historique.

Il s'agit du premier accord entre régime et rebelles pour le retrait des insurgés depuis le début de la guerre.

Entre mars et mai 2017, des milliers de rebelles et de civils quittent Waer, dernier quartier de la troisième ville du pays contrôlé par les insurgés, permettant aux troupes du régime de reprendre la totalité de Homs.

- Daraya -

En août 2016, les derniers rebelles évacuent leur ex-fief de Daraya, dans la province de Damas, en vertu d'un accord entre régime et insurgés au terme d'un siège de quatre ans imposé par le gouvernement, et de bombardements incessants.

Les rebelles et leurs familles sont conduits à Idleb, et l'armée syrienne reprend le contrôle de Daraya qui a souffert pendant plusieurs mois de la famine.

L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, avait critiqué la "stratégie" de déplacement forcé de population mené par le régime, et prévenu qu'il y aurait "d'autres Daraya".

- Alep -

En décembre 2016, l'armée syrienne reprend la moitié d'Alep, deuxième ville de Syrie, qui lui échappait depuis juillet 2012, après une offensive dévastatrice et un siège impitoyable qui ont abouti à l'évacuation de dizaines de milliers de résidents et d'insurgés vers des régions rebelles du nord.

L'évacuation est menée en vertu d'un accord parrainé par la Turquie, principal appui des rebelles, la Russie et l'Iran, alliés du régime.

- Wadi Barada -

En janvier 2017, après un siège d'un mois, un accord conclu entre régime et rebelles permet à quelque 700 insurgés et 1.400 civils de quitter Wadi Barada, à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest de Damas, pour se rendre dans la province d'Idleb, après la victoire des troupes du régime.

- Madaya, Zabadani, Foua, Kafraya -

En avril 2017, en vertu d'un accord parrainé par l'Iran et le Qatar, parrains respectifs du régime et des insurgés, près de 11.000 combattants et civils sortent de quatre localités rebelles et prorégime assiégées.

Cette évacuation croisée a concerné Foua et Kafraya, localités chiites dans la province d'Idleb (nord-ouest) encerclées par les rebelles, et Zabadani et Madaya, assiégées par les troupes du régime et désormais sous le contrôle de l'armée.

- Barzé, Qaboun et Techrine -

En mai 2017, le régime prend les quartiers rebelles de Barzé, Qaboun et Techrine à Damas, après le départ de plusieurs milliers de civils et de combattants vers la province d'Idleb.

- Ghouta orientale -

Les 22 et 23 mars 2018, 4.600 personnes, dont 1.400 combattants du groupe insurgé salafiste Ahrar al-Cham sont évacuées de Harasta, dans la Ghouta orientale, pour Idleb. Ces évacuations s'inscrivent dans le cadre d'un accord passé avec le pouvoir et négocié par son allié russe.

Depuis, plus de 46.000 personnes, dont environ un quart de combattants, ont déjà gagné les zones rebelles de la province d'Idleb, selon les autorités syriennes.

Le déluge de feu du régime, qui a tué plus de 1.600 civils en cinq semaines, a en effet obligé les groupes rebelles acculés et affaiblis à accepter des accords préparés par la Russie.

Le 2 avril, l'évacuation de combattants et de leurs proches commence dans l'ultime poche rebelle, autour de la grande ville de Douma dominée par le groupe Jaich al-Islam, selon les médias d'Etat syriens.

Parallèlement, plus de 150.000 civils ont fui les combats vers des zones tenues par le régime ou des zones sous contrôle des rebelles, d'après Sana.