Allemagne: deux rappeurs accusés de textes "antisémites"

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La polémique enflait samedi en Allemagne autour de deux rappeurs accusés de "provocations antisémites" après des textes controversés sur l'Holocauste dans un album pourtant récompensé cette semaine par un prix musical.

Les rappeurs Kollegah et Farid Bang, figures de la scène rap allemande, ont reçu jeudi soir le prix Echo du meilleur artiste hip hop après avoir vendu en Allemagne plus de 200.000 exemplaires de leur album "Jeune, brutal et beau gosse 3".

La cérémonie s'est tenue le 12 avril, date qui coïncide avec la célébration de la journée de la Shoah en hommage aux six millions de victimes juives du nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale.

L'une de leurs chansons, "0815", dans laquelle les deux rappeurs se comparent aux prisonniers du camp d'extermination d'Auschwitz, a déclenché une vive polémique en Allemagne, pays encore hanté par le souvenir des crimes nazis.

Alors que les deux chanteurs ont rejeté tout antisémitisme, Kollegah a proposé des entrées gratuites "à vie" à leurs concerts à leurs fans de confession juive.

"En Allemagne, on obtient désormais des récompenses quand on méprise les femmes, quand on exalte la violence et quand on se moque des victimes d'Auschwitz", s'est indigné le président du Congrès juif mondial, Ronald Lauder, dans le quotidien Bild.

"Que les responsables de l'industrie musicale accordent leur blanc-seing à de tels textes sous couvert d'art et de liberté d'expression est scandaleux", a réagi le président du Conseil central des Juifs d'Allemagne, Josef Schuster.

Pour le ministre des Affaires étrangères, Heiko Maas, "les provocations antisémites (...) sont simplement répugnantes. Il est honteux que ce prix ait été remis (jeudi), jour de commémoration de l'Holocauste", a-t-il indiqué sur Twitter.

"L'utilisation d'une terminologie ou d'images hors de leur contexte historique est une violence faite à la mémoire" des victimes de la Shoah, a estimé dans Bild un porte-parole du Mémorial de l'Holocauste Yad Vashem à Jérusalem.

Avant les prix "Echos", le Comité international d'Auschwitz avait qualifié la présence des rappeurs à cette cérémonie de "gifle assénée aux survivants de l'Holocauste".