Les harkis réclament un geste à Emmanuel Macron

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La communauté harkie appelle le président Emmanuel Macron à lui accorder des réparations à la hauteur du préjudice subi à la fin de la guerre d'Algérie, rappelant le soutien qu'elle lui a apporté en 2017 et menaçant de porter plainte contre la France pour crimes contre l'humanité.

"M. Macron a reconnu que la colonisation était un crime contre l'humanité ; c'est peut-être courageux de crever l'abcès mais il ne peut dire cela et de l'autre côté ne pas regarder l'histoire de ces soldats et citoyens français" abandonnés en Algérie en 1962, souligne le président du Comité national de liaison des harkis (CNLH)), Boaza Gasmi, interrogé mercredi à Paris par l'AFP.

Le groupe de travail sur les harkis lancé à l'initiative du chef de l'État préconise de créer un "fonds de réparation et de solidarité" de 40 millions d'euros pour ces anciens supplétifs de l'armée française et leurs enfants, loin des attentes des associations.

Celles-ci se réuniront le 15 septembre à Agen pour étudier quelle riposte opposer au gouvernement si celui-ci - qui pourrait faire des annonces le 25 septembre, à l'occasion de la Journée nationale d'hommage aux harkis - ne prend pas en compte leurs demandes.

L'armée française a recruté jusqu'à 150.000 Algériens comme auxiliaires durant la guerre d'Algérie (1954-1962), rappelle le rapport du groupe de travail remis en juillet au gouvernement et intitulé "Aux harkis, la France reconnaissante".

A la fin de la guerre, 90.000 personnes, harkis et leurs familles, ont été admis en France dans des conditions précaires - camps, hameaux de forestage et cités urbaines - sans réelles perspectives d'intégration pour eux-mêmes ni leurs enfants.

Les autres - entre 55.000 et 75.000 harkis, selon les historiens - ont été abandonnés en Algérie et victimes de sanglantes représailles de la part des nationalistes qui les considéraient comme des traîtres.

Les associations demandent entre 4 et 40 milliards d'euros de réparations pour les préjudices subis par la première génération et les suivantes ainsi qu'une loi gravant dans le marbre la responsabilité de la France dans ce dossier, là où le groupe d'experts préconise une simple résolution parlementaire.

"La France a fait que notre terre natale nous est devenue hostile, que nos frères de sang sont devenus nos propres ennemis. Aujourd'hui cette loi nous la voulons !", insiste Mohamed Badi, porte-parole du CNLH, également présent mercredi à Paris.

"On sait qu'une résolution ce n'est pas exécutoire (..) C'est du papier qui ne sert absolument à rien", renchérit-il.

Le CNLH avait soutenu Emmanuel Macron à la présidentielle de 2017. Ce dernier avait alors reçu des associations harkies à son QG de campagne.

"Il sera le grand perdant s'il déçoit la communauté harkie", met en garde Boaza Gasmi, estimant d'un à deux millions de voix le potentiel électoral de cette communauté.

Si ces revendications ne sont pas satisfaites, les harkis demanderont réparation devant la Cour européenne des Droits de l'Homme, avertit Mohamed Otsmani, représentant des harkis dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

"Nous allons porter plainte contre la France pour crimes contre l'humanité pour obtenir ce dédommagement", dit-il.