Kosovo: un ancien combattant nommé au cabinet juste avant d'être interrogé à La Haye

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Le Premier ministre du Kosovo Ramush Haradinaj a récemment nommé conseiller politique un ancien combattant, juste avant son interrogatoire par la cour internationale qui enquête sur des crimes de guerre reprochés à l'ex-guérilla kosovare.

Donjeta Gashi, porte-parole du gouvernement, a confirmé mardi à l'AFP des informations des médias locaux sur la nomination la semaine dernière de Syleyman Selimi comme "conseiller politique" de Ramush Haradinaj.

Déjà condamné par un tribunal kosovar pour des faits de torture commis durant la guerre contre les forces serbes (1998-99, plus de 13.000 morts), Syleyman Selimi a été libéré le 25 janvier dernier.

Ex-officier de l'Armée de libération du Kosovo (UCK), Syleyman Selimi a confirmé aux médias locaux qu'il devait être "interrogé la semaine prochaine" par le tribunal spécial de La Haye. "Je ne connais pas les raisons pour lesquelles je serai interrogé", a-t-il dit.

Dans un entretien à l'AFP le 26 janvier, Ramush Haradinaj, tout en assurant de la volonté des Kosovars de répondre favorablement à des demandes du tribunal, avait exprimé sa lassitude: "Il y a une fatigue au Kosovo sur ce tribunal".

Institué en 2015 et installé à La Haye, le tribunal enquête sur des allégations de crimes de guerre commis par la guérilla indépendantiste kosovare albanaise contre des Serbes, des Roms et des opposants politiques kosovars.

Agé de 48 ans, Sylejman Selimi commandait l'UCK dans le secteur de Drenica (ouest), l'un des fiefs de la guérilla où les combats avec les forces serbes ont été particulièrement durs. Il est l'une des principales figures de l'UCK.

Il a dirigé la sécurité civile jusqu'en 2011, date à laquelle il est devenu ambassadeur du Kosovo en Albanie.

Il avait toutefois démissionné juste avant son inculpation pour des actes de torture commis dans un centre de détention de l'UCK. Ecroué pendant l'enquête, il avait été condamné en 2016 par un tribunal local à sept ans de prison.

Mi-janvier, le tribunal spécial a commencé ses interrogatoires à la Haye, où ont été interrogés deux autres anciens hauts responsables de l'UCK, Rrustem Mustafa-Remi, 47 ans, et Sami Lushtaku, 57 ans.

Les médias kosovars estiment que de premières inculpations sont probables cette année.

Parmi les noms de potentiels inculpés régulièrement avancés dans les médias figurent ceux des principaux responsables du pays: Ramush Haradinaj, mais aussi le président Hashim Thaçi et le président du parlement Kadri Veseli.