La Centrafrique depuis le début de l'offensive rebelle

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Faustin Archange Touadéra a été officiellement réélu lundi président de la Centrafrique avec 53,16% des voix selon la Cour consitutionnelle, mais avec un taux de participation de seulement 35,25%.

Depuis plus d'un mois, le pays fait face à une offensive rebelle contre le régime du président. Mercredi, deux attaques ont été repoussées pour la première fois près de la capitale Bangui.

Le pays est plongé dans la guerre civile depuis le renversement en 2013 de François Bozizé. Malgré un huitième accord de paix en 2019, les deux-tiers du territoire restent contrôlés par des groupes armés.

- Offensive surprise -

Début décembre 2020, la candidature de François Bozizé à la présidentielle est invalidée, faisant craindre un regain de violences.

Le putschiste récidiviste, rentré d'exil un an plus tôt malgré un mandat d'arrêt international pour "crime contre l'humanité et incitation au génocide", dit accepter l'invalidation.

Le 18 décembre 2020, une offensive surprise de groupes armés dans le nord et l'ouest vise des axes routiers vitaux pour l'approvisionnement de Bangui, à neuf jours des élections présidentielle et législatives.

L'ONU déploie des Casques bleus, dénonçant "une tentative délibérée" de perturber les élections.

Le 19, une coalition de six des plus puissants groupes armés annonce une offensive pour empêcher la réélection de M. Touadéra.

Le gouvernement accuse François Bozizé de "tentative de coup d'État", son parti dément.

Le 20, la coalition de l'opposition exige le report des élections.

La France, la Russie, les États-Unis, l'Union européenne et la Banque mondiale appellent François Bozizé et des groupes armés à déposer les armes.

- Prise de Bambari, soutiens étrangers -

Le 22 décembre, Bambari, quatrième ville du pays, à quelque 380 km au nord-est de Bangui, tombe aux mains du groupe rebelle Unité pour la paix en Centrafrique (UPC). Elle est reprise le lendemain par les Casques bleus et les forces centrafricaines.

Le président français Emmanuel Macron s'entretient avec son homologue centrafricain et ordonne, à sa demande, le survol du pays par des avions de chasse pour "marquer la condamnation par la France des tentatives de déstabilisation".

Le Rwanda et la Russie envoient des centaines de renforts pour soutenir M. Touadéra.

- Bref cessez-le-feu -

Le 24, les rebelles décrètent un "cessez-le-feu unilatéral" de trois jours, demandant la suspension des élections. Le président décline, conduisant les rebelles à rompre la trêve le 25.

- Élections -

Le 27 décembre, les élections présidentielle et législatives se tiennent sur une partie du territoire. Un électeur sur deux n'a pas pu voter, sous la menace de l'offensive rebelle.

Le 30, la coalition de l'opposition demande l'annulation du scrutin, salué comme "crédible" et "légitime" par le gouvernement et la communauté internationale.

- Prise de Bangassou -

Le 3 janvier 2021, des rebelles prennent le contrôle de la ville de Bangassou, à 750 km à l'est de Bangui.

Le 4 janvier, le président sortant Faustin-Archange Touadéra est déclaré réélu dès le premier tour, avec 53,92% des voix, loin devant l'ancien Premier ministre Anicet-Georges Dologuélé (21,01%), arrivé en deuxième position.

Le même jour, les Casques bleus "sécurisent" une partie de Bangassou et une enquête pour "rébellion" est ouverte contre François Bozizé.

Le 6, le pape François demande aux différentes forces politiques "d'éviter toute forme de violence".

Le 7, les autorités annoncent un couvre-feu nocturne.

Le 8, l'ONU indique que les récentes violences ont poussé à l'exil plus de 30.000 personnes et généré des dizaines de milliers de déplacés internes.

Le 9, les rebelles attaquent Bouar, la cinquième ville du pays à 340 km de Bangui.

Le 10, les groupes armés tentent une entrée en force à Grimari, à 297 km au nord-est de Bangui, tirant des roquettes sur le camp de force onusienne.

- Affrontements près de Bangui -

Le 13 janvier, deux attaques rebelles sont repoussées pour la première fois aux portes de Bangui.

Deux réunions du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Centrafrique sont prévues en huit jours, la première ce mercredi.

-Délibérés de la Cour constitutionnelle-

Le 18 janvier, la Cour constitutionnelle a validé la réélection au premier tour du président Touadéra avec 53,16% des suffrages, loin devant Anicet-Georges Dologuélé, arrivé deuxième avec 21,69% des voix.

La juridiction a toutefois abaissé le taux de participation à 35,25%, loin des 76,31% des inscrits annoncés provisoirement le 4 janvier par l'Autorité nationale de élections.