Le conflit au Yémen depuis 2014

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Le Yémen, objet d'une conférence de donateurs pour prévenir une famine à grande échelle, est dévasté par un conflit depuis l'entrée des rebelles Houthis dans la capitale Sanaa en septembre 2014.

Une coalition militaire menée par l'Arabie saoudite intervient militairement depuis mars 2015 pour soutenir les forces loyalistes face aux insurgés, qui ont conquis plusieurs régions.

- Offensive des Houthis -

En juillet 2014, les Houthis, soutenus par l'Iran chiite, grand rival de l'Arabie saoudite sunnite, s'estimant marginalisés, lancent une offensive depuis leur fief de Saada (nord).

Les Houthis sont issus du zaïdisme, une branche du chiisme qui représente plus de 30% de la population. Majoritaires dans le Nord, les chiites sont minoritaires au niveau national.

S'alliant à des unités fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, ils entrent en septembre dans Sanaa et s'emparent du siège du gouvernement et de plusieurs sites stratégiques.

Ils prennent mi-octobre la ville portuaire de Hodeida (ouest) sur la mer Rouge, puis progressent vers le centre du pays.

Le 20 janvier 2015, ils s'emparent du palais présidentiel à Sanaa et encerclent la résidence du président Abd Rabbo Mansour Hadi, qui fuit vers Aden (sud).

- Intervention militaire -

Le 26 mars 2015, une coalition menée par Ryad, et à laquelle participent notamment les Emirats arabes unis, lance une opération aérienne pour bloquer l'avancée des rebelles.

Washington fournit un soutien logistique et de renseignement.

M. Hadi se réfugie en Arabie saoudite alors que les rebelles se rapprochent d'Aden.

En juillet, le gouvernement annonce la "libération" de la province d'Aden, premier succès des loyalistes. La ville éponyme devient la capitale "provisoire" du pouvoir.

En octobre, les loyalistes reprennent le détroit stratégique de Bab al-Mandeb, entre la mer Rouge et l'océan Indien.

- Combats, trêve à Hodeida -

En juin 2018, les forces progouvernementales, appuyées par Ryad et les Emirats, lancent une offensive pour reprendre aux rebelles Hodeida, principal point d'entrée de l'aide humanitaire.

En décembre, l'ONU annonce une trêve, en particulier à Hodeida, à l'issue de pourparlers interyéménites en Suède.

Cette trêve a été globalement respectée, mais des affrontements ont opposé en janvier 2021 soldats et rebelles, qui tiennent toujours Hodeida.

- Séparatistes du Sud -

Fin janvier 2018, des séparatistes du Sud, indépendant avant sa fusion avec le Nord en 1990, se retournent contre les forces gouvernementales à Aden et assiègent le palais présidentiel, avant une intervention saoudo-émiratie.

En août 2019, des affrontements opposent à Aden des séparatistes de la force "Cordon de sécurité", entraînée par les Emirats, aux troupes du gouvernement, soutenues par Ryad.

Un accord de partage du pouvoir négocié par Ryad sera conclu plusieurs mois plus tard.

- L'Arabie cible d'attaques -

Le 14 septembre 2019, les rebelles revendiquent des attaques contre deux sites d'Aramco dans l'est de l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut. Ryad et Washington accusent l'Iran qui dément.

Les rebelles, qui ont depuis multiplié les attaques avec drones et missiles contre le royaume saoudien, ont lancé des drones armés le 10 février 2021 contre l'aéroport international d'Abha (sud), y voyant une cible militaire. La coalition a évoqué un "crime de guerre".

- La bataille de Marib -

Après des mois d'accalmie, les rebelles reprennent, le 8 février 2021, leur offensive pour s'emparer de Marib, dernier bastion loyaliste dans le Nord.

Les combats ont fait des dizaines de morts quotidiennement, selon les sources militaires.

La recrudescence des violences intervient alors que l'administration de Joe Biden a décidé de mettre fin au soutien en armes à la coalition et retiré les Houthis de la liste des "organisations terroristes" pour ne pas entraver selon elle l'acheminement de l'aide humanitaire.

- Pire crise humanitaire -

Le conflit au Yémen, qui connaît selon l'ONU la pire crise humanitaire au monde, a fait des dizaines de milliers de morts d'après des ONG internationales. Des millions de personnes ont été déplacées.

Plus de 16 millions de Yéménites, soit environ la moitié de la population, seront confrontés à la faim cette année. Près de 50.000 d'entre eux se trouvent déjà dans des conditions proches de la famine et quelque 400.000 enfants de moins de cinq ans pourraient mourir de malnutrition aiguë, d'après l'ONU.

acm/mw/tp

SAUDI ARAMCO