Amnesty affirme que l'armée soudanaise a commis des "crimes de guerre"

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L'armée soudanaise a commis des crimes de guerre dans la région du Kordofan-Sud, notamment en bombardant des zones et infrastructures civiles, indique mardi Amnesty International dans un communiqué.

Les forces gouvernementales font face dans les provinces du Kordofan-Sud et du Nil Bleu à l'insurrection depuis 2011 de la branche nord de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA-N).

"Depuis plusieurs années, une pluie de bombes et d'obus lancés par les forces armées soudanaises s'abat sur la population civile, détruisant des vies et des moyens d'existence et entraînant une grave crise humanitaire", a déclaré Michelle Kagari, directrice régionale adjointe à Amnesty International.

L'ONG basée à Londres affirme qu'une équipe d'enquêteurs s'est rendue en mai dans les zones occupées par les rebelles dans le Kordofan-Sud, où ils ont trouvé des preuves sur l'utilisation de munitions à fragmentation par les forces gouvernementales qui ont pris pour cible des bâtiments civils, notamment des écoles et des installations médicales.

Amnesty fait état ainsi de la mort de 35 civils entre janvier et avril, tués pas des bombardements aériens et des tirs d'artillerie.

Les investigateurs ne se sont pas rendus dans les zones sous contrôle du gouvernement, Khartoum interdisant régulièrement aux groupes étrangers de défense des droits de l'Homme l'accès au Kordofan-Sud et au Nil Bleu, ainsi qu'au Darfour, où les autorités font face à une autre insurrection depuis 2003. Les rebelles défient les autorités fédérales dans ces régions car elles s'estiment marginalisés.

"Prendre pour cible des zones et infrastructures civiles qui ne représentent pas des objectifs militaires légitimes, en utilisant sans discrimination des armes interdites et d'autres armes, constitue un crime de guerre", souligne Mme Kagari.

L'armée n'a pu être jointe dans l'immédiat pour commenter les affirmations d'Amnesty.

Le président soudanais Omar el-Béchir est visé depuis 2009 et 2010 par deux mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et contre l'humanité et génocide au Darfour. Plus de 300.000 personnes sont mortes dans ce conflit selon l'ONU.

Le médiateur de l'Union africaine (UA), Thabo Mbeki, se trouve actuellement à Khartoum, où il doit notamment discuter du conflit au Kordofan-Sud.

Le vice-président du Soudan a affirmé lundi que le gouvernement était "disposé à geler les condamnations contre les chefs rebelles" afin qu'ils puissent participer à des négociations de paix avec Khartoum.